Sunday, February 16, 2025

Le dernier souffle / Last Breath (2024)


Costa-Gavras: Le dernier souffle (FR 2025) avec Kad Merad (Docteur Augustin Masset) et Denis Podalydès (Écrivain, Fabrice Toussaint).

Wikipédia l'encyclopédie libre: "Le Dernier Souffle est un film dramatique français réalisé par Costa-Gavras et sorti en 2024."

Synopsis
"Le docteur Augustin Masset, chef d'un service de soins palliatifs, et l’écrivain-philosophe Fabrice Toussaint qui vient de passer un IRM échangent entre eux sur la fin de vie. Le médecin montre la diversité de réactions et d'attitude de ses patients, et l'écrivain observe les situations qui font écho à de son propre destin".

Wikipédia: Fiche technique
    Titre original : Le Dernier Souffle
    FR 2024. Société de production : KG Productions et France Télévisions. Production : Michèle Ray-Gavras, Costa-Gavras et Alexandre Gavras.
Réalisation : Costa-Gavras
Scénario : Costa-Gavras, d'après l'œuvre de Régis Debray et Claude Grange
Photographie : Nathalie Durand. Format : couleur — 2,39:1 — son 5.1
Musique : Armand Amar
Décors : Catherine Werner Schmit
Son : Julien Sicart, Daniel Sobrino, Caroline Reynaud et Claire Berriet
Montage : Costa-Gavras
    Distribution
Denis Podalydès : Fabrice Toussaint
Kad Merad : Augustin Masset
Marilyne Canto : Florence
Ángela Molina : Estrelia
Charlotte Rampling : Sidonie
Hiam Abbass : Mme Broquet
Alain Libolt : Monsieur Broquet
Karin Viard : Eléonore, la cancérologue
Agathe Bonitzer : Léa
Françoise Lebrun : Mme Léonie
Isabelle de Botton : Mme Ravier
Xavier Maly : Monsieur Ravier
Sabine Pakora : Louise
Georges Corraface : Stefan
Michaël Abiteboul : John Carroll
Jochen Hägele : Ted Cagney
Élisabeth Quin : la journaliste
Xavier Legrand : l'éditeur
Jade Phan-Gia : l'assistante du Dr Masset
Denis Mpunga : Adama
Emmanuel Hamon : Monsieur Bonfils
Émilie Raffoul-Rouleau : Mme Bonfils
    Langue originale : français
    Genre : drame
    Durée : 99 minutes
    Société de distribution : BAC Films
    Dates de sortie :
Espagne : 25 septembre 2024 (Saint-Sébastien)
France : 12 février 2025
    Vu dimanche, le 16 février 2025, MK2 Bastille (Côté Faubourg Saint-Antoine), 5 faubourg Saint-Antoine, Paris 11e

AA: The human is the only being aware of its own mortality.

Whatever our solutions in life, this fact brings a special dignity to everything.

Costa-Gavras (92) is not about to leave us, but the time is always right to think about "the life in death and the death in life".

Costa-Gavras tells about his dialogues with the philosopher Edgar Morin (103) and remembers introducing Manoel de Oliveira on his 101st birthday to a screening of L'étrange affaire Angelica at La Cinémathèque française. On the occasion, Oliveira announced his forthcoming film Gebo et l'ombre that he finished two years after.

A visit to a MRI (magnetic resonance imaging) scan reveals a tiny cancerous spot in the writer Fabrice Toussaint (Denis Podalydès) and he sets out on a quest to find out as much as possible about the final journey. 

The doctor Augustin Masset (Kad Merad), an expert in palliative care, becomes his willing guide. We see everything, from denial to facing the end as an excuse to a big party. 

There is a motorcyclist who is honoured by a mighty motorcycle parade on the hospital grounds. A Romani lady (Ángela Molina) is feasted in a passionate Romani ceremony. The scenes with families and communities gathering around the departing one are full of honesty and joy - joy about a life well lived to bring about an emotion so great. 

Le dernier souffle makes me think about The Question - Solon's answer to the question of Croesus: "who is the happiest man in the world?".

Reacting to Fabrice's anxiety about the removal of his cancerous bit, the cancerologist Eléonore (Karin Viard) bares her breast - its absence. The end of a breast is not the end of a life.

It is a pleasure to glimpse in bit roles familiar faces such as Françoise Lebrun as Mme Léonie and Charlotte Rampling as Sidonie.

Sung by the Romani community, "Deux escargots s'en vont à l'enterrement" (lyr. Jacques Prévert, comp. Joseph Kosma, 1946), with Aïda Iordan and Ángela Molina as lead singers, grows into a memorable theme song for Le dernier souffle.

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DOSSIER DE PRESSE: LE DERNIER SOUFFLE
COSTA-GAVRAS

 « Il faut se préparer pour la fin de vie comme après une grande fête qu’est la vie, belle, aventureuse, douloureuse, décevante, ou enthousiaste, bref unique. »

L’IDÉE DE LA MORT VOUS TRAVAILLE-T-ELLE ? 

La mort ne me « travaille » pas mais elle reste pour moi un scandale inexplicable et certain. Je regarde l’horizon de la fin de vie, qui commence à m’être de plus en plus proche, avec ses précipices et son abîme. 

Ce sont des hommes comme Edgar Morin ou le cinéaste portugais Manoel de Oliveira, leur vie, leur irréductibilité qui me « travaillent ».

Avec Edgar Morin – plus de 100 ans – nous parlons cinéma et des films du passé. Il a une mémoire plus précise que la mienne, sur le cinéma comme sur les sujets sociaux et l’actualité sur lesquels ils ne cessent d’écrire avec lucidité. 

Quand il y a quelques années j’ai présenté à la Cinémathèque le cinéaste portugais Manoel de Oliveira le jour de son anniversaire des 101 ans avec ce qui était son dernier film L’ÉTRANGE AFFAIRE ANGELICA. J’avais conclu en lui proposant de venir présenter l’année suivante son prochain film. Il est venu deux ans plus tard présenter GEBO ET L’OMBRE.

Quand je ne suis pas en activité, il m’arrive d’y penser avec l’âge qui avance, inexorablement. Et avec force quand je la croise, comme avec la mort de Jacques Perrin. Il était l’avant-dernier survivant des acteurs et auteurs et musicien de Z. C’est une forte émotion qui finit par rendre serein face à l’inévitable. 

Le besoin d’une ébauche est né de la lecture du livre de Claude Grange et Régis Debray.

J’ai essayé de réaliser mes utopies et de me débarrasser de mes fantasmes et de mes terreurs en réalisant un film

VOUS TRAVAILLEZ TOUJOURS ÉNORMÉMENT POUR PRÉPARER VOS FILMS.  
CELUI-CI DIFFÈRE-T-IL DES AUTRES AVEC LA « MATIÈRE HUMAINE » AU PREMIER PLAN ? 

« La Matière humaine » comme vous dîtes, je l’appellerai « l’essence humaine ». Elle est la plus complexe des entités vivantes. Elle a l’âme, la raison, l’entendement et bien d’autres pouvoirs. Elle suscite une infinie complexité et à la fois une grande simplicité face aux problèmes qu’elle doit affronter. Particulièrement la fin de vie. 

J’ai commencé par revisiter des écrits de philosophes.

Vladimir Jankélévitch - j’avais suivi ses conférences dans les années 70. Edgar Morin et son livre L’homme et la mort qui m’a renvoyé à Héraclide d’Ephèse – 500 AVJC - et à sa phrase singulière : « Vivre sa mort et mourir sa vie. »

Ils sont nombreux ceux qui ont pensé la fin de vie et ont trouvé des pensées philosophiques qui semblent vouloir rivaliser avec l’originalité d’Héraclide qui, de son côté établit, bâtit même :

«  La vie n’est vraiment la vie  qu’en étant autre chose que la vie… Exaltante et risquée. Le vivant se trouve ainsi à l’origine de la culture  et devient source même de la créativité humaine ».

J’ai aussi revisité Albert Camus, Martin Heidegger et son singulier Être-versla-mort, Castoriadis sur Thanatos, et ses pensées sur les faiblesses de l’âge et sa terreur de la fin.  

Enfin Descartes et son « Je pense, donc je suis ». Avec la réflexion qu’un jour je ne serai plus, d’aucune autre manière.  

Et je suis revenu au « Dernier Souffle » avec ses histoires personnelles et eu des entretiens avec Régis Debray et Claude Grange. Le philosophe et le médecin, et leur credo sur la fin de vie.

J’ai alors écrit le scénario avec mon credo. Un credo double, intime et cinématographique

FAUT-IL APPRENDRE À MOURIR ? 

Sans doute.

Socrate a dit « Philosopher c’est apprendre à mourir ». Montaigne a repris « Philosopher c’est la préméditation de la mort et la préméditation de la liberté. Le savoir mourir nous affranchit à toute subjection et contraire. »

Je pourrais citer une foule de penseurs qui disent avec leurs mots la même chose. 

Or nous refusons la mort. Nous la fustigeons, nous la nions. Nous la rendons comique ou ridicule. Tout en étant intimement terrifié, épouvanté par la nôtre ou celle de nos proches.

Il y a très longtemps des proches m’avaient raconté les derniers instants de la vie d’un parent. Épouvanté, il implorait le docteur et sa famille : « Ne me laissez pas partir ».  Cela m’avait bouleversé connaissant sa force, son ironie, l’amour-propre et le sens poétique de cet homme. 

La terreur de la mort, l’absence totale de préparation conduisent au refus de l’inéluctable, au caractère de l’absolu. C’est-à-dire le refus de vivre en mortel. Cette dénégation a conduit les hommes à se convaincre que cette fin n’est que partielle. Ce qui nous différencie des animaux. Nous avons l’Esprit qui est immortel, au contraire du corps matériel et périssable. 

Avec cette certitude nous pouvons transgresser, enfreindre la logique de la nature où tout meurt.  

C’est une symbiose hystérique, délétère, dûe au refus de cette réalité humaine et pour tous. 

Ce refus contourné par toutes les religions n’a pas réussi à être accepté entièrement et à créer la sérénité. Définitivement. Et par tous. Loin s’en faut. Mais c’est un formidable refuge, digne de respect, et que je respecte

LE FILM MONTRE QU’EN FAIT, QUASIMENT AUCUN DE VOS PERSONNAGES NE RENONCE. CHACUN À SA MANIÈRE VEUT PARTIR DEBOUT.  C’EST LA GRANDE FORCE DU FILM…

Vouloir partir debout, c’est-à-dire avec dignité, c’est le sujet du film. 

Les soins palliatifs, chez soi ou à l’hôpital, peuvent jouer ce rôle d’aider à cette dignité. 

Les personnages du DERNIER SOUFFLE sont des hommes et des femmes qui ont existé. Je les ai aimés, souvent admirés, et cinémato-contés avec passion

LA FIN AVEC KARIN VIARD EST-CE UN MESSAGE ANTI-RENONCEMENT ?   
IL RESTE DE LA VIE, QUOI QU’IL ARRIVE ? VIVE LA VIE ? 

Le face à face entre la doctoresse Eléonore et le philosophe est une proposition et un contrat. Le plus noble qu’il soit : l’inviter à se battre, à lutter pour sa survie et l’aider à sortir de la solitude qui le ravage face à l’inconnu. 

C’est lui faire comprendre et accepter les abnégations, les abandons qu’il faut pour jouir malgré tout de la vie. 

L’exemple d’espoir qu’Eléonore propose à Fabrice est probant, définitif et poétique.

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