Thursday, February 23, 2023

Sois belle et tais-toi ! (1981) / Be Pretty and Shut Up


Delphine Seyrig: Sois belle et tais-toi ! / Be Pretty and Shut Up (FR 1981). Photo: © Tournage de Sois belle et tais-toi ! / Familles Seyrig et Roussopoulos / Centre audiovisuel Simone de Beauvoir / Version restaurée par la Bibliothèque nationale de France.


FR 1981. Année de production : 1976. Sortie en France : 4 March 1981. Productrice déléguée : Delphine Seyrig
    Genre : Documentaire, long-métrage.
    Réalisé par Delphine Seyrig. Directrice de la photo+montage: Carole Roussopoulos – source format: video – camera: Sony AVC-3400 – couleur – 1981 release on 35 mm – 2023 re-release on DCP.
    Featuring:
– Jill Clayburgh
– Marie Dubois
– Delia Salvi
– Juliet Berto
– Patti D'Arbanville
– Mady Norman / Maidie Norman
– Louise Fletcher
– Jane Fonda
– Cindy Williams
– Rita Renoir
– Jenny Agutter
– Luce Guilbeault
– Shirley MacLaine (archive footage)
– Anne Wiazemsky
– Rose de Gregorio / Rose Gregorio
– Maria Schneider
– Viva
– Candy Clark
– Barbara Steele
– Millie Perkins
– Mallory Millett-Jones / Mallory Millett
– Susan Tyrrell
– Ellen Burstyn
...
– Simone de Beauvoir (voice, archive footage)
– Michel Drucker (archive footage)
    Production: in Hollywood in 1975, and in Paris in 1976.
    112 min
    Premiere in France: 4 March 1981.
    There were originally two versions: a French one and an English one. Each version was overdubbed (a narrator reading the simultaneous translation).
    Digital re-release in France: sortie nationale 15 Feb 2023
    Version restaurée par la Bibliothèque nationale de France.
    Exportation / Vente internationale / Distribution France : Centre Audiovisuel Simone de Beauvoir
    Viewed at Luminor Hôtel de Ville Paris, 23 Feb 2023.

The title of the film is a riff on: Sois-belle et tais-toi (FR 1958), D: Marc Allégret, C: Mylène Demongeot (1935–2022), Finnish title: Ole kaunis ja – vaikene.

There was a debate after the screening about the double bill " Maria Schneider, 1983 " and " Sois-belle et tais-toi ! " with Elisabeth Subrin, Nicole Fernandez Ferrer and Jackie Raynal.

Le mot du cinéma (Luminor Hôtel de Ville Paris)

" La projection du film sera suivie par un débat avec Jackie Raynal, réalisatrice monteuse et comedienne et Nicole Fernandez Ferrer : déléguée générale du Centre Audiovisuel Simone de Beauvoir de 2004 à 2022, elle donne des conférences sur le cinéma et la vidéo féministe, elle est membre du 7ème Genre, des Archives du féminisme, du Centre Hubertine Auclert, de PIAF Images Europe. Elle a travaillé aux deux expositions Delphine Seyrig et les vidéo collectifs vidéo féministes des années 1970 et 1980, concues par Nataša Petrešin-Bachelez et Giovanna Zapperi. "

Synopsis (Luminor Hôtel de Ville Paris)

" En 1976, Delphine Seyrig s'entretient avec 23 actrices sur leurs conditions de femmes dans l'industrie cinématographique, leurs rapports avec les producteurs et réalisateurs, les rôles qu'on leur proposent et les liens qu'elles entretiennent avec d'autres comédiennes. Un documentaire culte, qui permet de réaliser ce qui a changé (ou pas). Actrices interviewées : Jane Fonda, Louise Fletcher, Barbara Steele, Juliet Berto, Anne Wiazemsky, Shirley MacLaine, Maria Schneider, Ellen Burstyn ... "

Synopsis (Unifrance)

" Delphine Seyrig interviewe vingt-quatre actrices françaises et américaines sur leur expérience professionnelle en tant que femme, leurs rôles et leurs rapports avec les metteurs en scène, les réalisateurs et les équipes techniques. Bilan collectif plutôt négatif en 1976 sur une profession qui ne permet que des rôles stéréotypés et aliénants. "

AA: There is a do-it-yourself quality in the movie. Shot on video, its opening credits unfold as a series of photographs manually changed in front of the camera, the names announced by the narrator. All original videotapes of the two versions of Sois belle et tais-toi have not survived, and approximately half of the movie is presented with overdubbing (we hear vaguely the original interview, overdubbed by voice translation). Much of the movie is hard to understand, and hopefully a subtitled version can be produced.

From challenging sources, Sois belle et tais-toi ! has been painstakingly reconstructed and restored, and it is a powerhouse of a movie. The low definition of the video footage fails to do justice to the beauty and charm of the actresses, which is, however, somehow also the point. Beauty in the context of the world discussed here has become a curse, even for the director Delphine Seyrig herself. The external beauty of a young woman is transient, and the more profound charms of a mature woman are not appreciated in the film business.

Jane Fonda is vocal about her ridiculous sex kitten roles in the 1960s. Barbara Steele speaks out about her humiliating exploitation film career, films she did not want to make now adulated as cult films, and all she wants to say is: "That's not me". Ellen Burstyn is sarcastic about her mistreatment: her suggestions were ignored and when they were accepted she had to pay her own flight tickets to make the film.

It gets deep. The producers and distributors have all the power, and because of their veto, they ultimately decide who is bankable and which stories get made. "They don't like women. They don't want someone who is equal." The actresses find women of all ages beautiful, especially the mature, fully experienced ones.

The buddy movie phenomenon is discussed. The actresses do not use that term, but they mean movies like Butch Cassidy and the Sundance Kid. Ellen Burstyn and Jill Clayburgh discuss the almost open homosexual current in male love stories like this in which there is even less space for women. Men can remain stars regardless of age, but for women, it's hard to pass the 50 year mark.

Delphine Seyrig's film reminds me of the great wave of feminist film historians of the 1970s including Joan Mellen, Marjorie Rosen and Molly Haskell. They emphasized the tradition of the strong women and superstars of Hollywood's classical studio era from the early days until the early 1960s.

Paradoxically, during the New Hollywood and the women's liberation movement, the status of women stars took a deep dive. The careers of exceptional veterans such as Katharine Hepburn, Barbara Stanwyck and Bette Davis lasted until the 1980s. But the domination of male stars grew, "to the detriment of all", to quote Jean-Michel Frodon.

This is a saga of money, power and sex. The hidden mystery is the misogyny inherent in the film production system. As a result, the quality of the films has suffered. The great change that started five years ago is one of the most promising currents of our age.

BEYOND THE JUMP BREAK: FROM THE PRODUCTION NOTES:

BEYOND THE JUMP BREAK: FROM THE PRODUCTION NOTES:

" Cette série d'entretiens avec des actrices sur leur statut et les rôles qu'on leur propose fait apparaître combien le discours de ' l'emballage ' de la misogynie dominante a changé depuis lors, et combien l'essentiel des mécanismes du mépris et du contrôle demeurent - contre les femmes, mais désormais de manière sans doute plus diffuse, moins grossièrement codée, au détriment de tous. "

" D'une tonifiante drôlerie et d'une impeccable précision, l'enseignement de ces brefs dialogues - parmi lesquelles on (re)découvre la Jane Fonda d'alors, étincelante de lucidité politique, fait de ce film [...] un exemple des ressources du cinéma comme analyseur temporel, doté de vertus de compréhension du monde inépuisables
. "

Jean-Michel Frodon, Cahiers du Cinéma, n°626, septembre 2007

...

" Le célèbre documentaire féministe de Delphine Seyrig, Sois belle et tais-toi, fait parti des films qu'il faut avoir vus au moins une fois dans sa vie. Pour comprendre ce qu'implique pour les femmes de devenir actrices, Seyrig a interviewé une vingtaine de ses collègues comédiennes, des stars américaines comme Jane Fonda ou Shirley MacLaine ou encore Juliet Berto et Maria Schneider. Un tour d'horizon pour confirmer une évidence encore trop peu exprimée à l'époque (le film a été tourné en 1976) : les femmes - et a fortiori les actrices - sont souvant perçues exclusivement au désir des hommes. Lucide, Delphine Seyrig revient elle-même sur sa carrière rendue possible, selon elle, par sa beauté. Ce film aux multiples portraits est fait d'échanges intimes et intelligents sur la condition féminine "

" À voir absolument
. "

Louise Vendegiste, Les Inrockuptibles

...

" Quand la regrettée Delphine Seyrig interroge ses consœurs des années 1970 sur ce que signifie être une femme dans le milieu du cinéma, cela donne un documentaire passionnant ou Jane Fonda, Marie Dubois ou Maria Schneider racontent la misogynie ordinaire de l'industrie du film. C'est aussi l'occasion de mesurer le chemin parcouru (ou pas). "

" En 1975 à Hollywood et l'année suivante à Paris, actrice féministe Delphine Seyrig a mené une série d'entretiens - une vingtaine - avec des collègues américaines et francophones. Parmi lesquelles Jane Fonda, Juliet Berto, Marie Dubois, Maria Schneider, Shirley MacLaine... Au cœur de ces entretiens : les questions du statut de l'actrice et de la nature de ses rôles. ' Si tu avais été un homme, aurais-tu choisi ce métier ? ' interroge Delphine Seyrig. Et encore : ' As-tu déjà joué des scènes chaleureuses avec des partenaires femmes ? '. Les réponses en disent long : sur la frustration des comédiennes (' Je me sens exploitée, réduite ') comme sur leur lucidité (' Le cinéma n'est qu'un énorme fantasme masculin '). Sur leur humour, aussi : ' Les actrices de plus de 50 ans à Hollywood ? Elles sont introuvables. Enfin si, il y a Bette Davis, mais ils ne la font plus jouer que dans des films d'horreur... ' "

" Près de quarante ans plus tard, cet exceptionnel enchaînement de paroles féminines permet de mesurer ce qui a changé et ce qui demeure. Si l'on peut aujourd'hui se féliciter d'une plus grande diversité dans la représentation des femmes à l'écran - encore que certains types de film conservent une sacrée marge de progression - , il est frappant, voire désespérant, de constater à quel point le regard porté sur les actrices a peu évolué. Elles sont encore et toujours moins bien traitées et payées que leurs homologues masculins, souvent obligées de se conformer à une image fantasmée par et pour des hommes, bonnes à jeter passé un certain âge, etc. "

" Au-delà de sa valeur historique, ce témoignage kaléidoscopique sur la misogynie de l'industrie du film recèle quelques instants vibrants. Quelle émotion de voir Maria Schneider, si jeune et déjà brisée, raconter que, sur le plateau du Dernier tango à Paris, Bertolucci ne collaborait qu'avec Marlon Brando. Ou Jane Fonda, brillante, qui parle de sa ' barbarellisation ' comme d'une expérience aliénante - ' J'étais un produit du marché et il fallait qu'on m'arrangte pour que je sois vendable. ' Depuis le passé, ces femmes intelligentes nous obligent : le combat féministe, cher à Delphine Seyrig, est plus que jamais nécessaire
. "

Mathilde Blottière, Télérama

No comments: