Saturday, March 26, 2022

Petite maman


Céline Sciamma: Petite maman (FR 2021) starring Joséphine Sanz (Nelly) and Gabrielle Sanz (Marion).


Maja lapsuuden reunalla / Lilla mamma.
    FR © 2021 Lilies Films / France 3 Cinéma. PC: Lilies Films. P: Bénédicte Couvreur.
    D+SC: Céline Sciamma. Cin: Claire Mathon – color – 1,85:1 – DCP. PD: Lionel Brison. Cost: Céline Sciemma. M: Jean-Baptiste de Laubier / Para One. S: Julien Sicart, Valérie de Loof, Daniel Sobrino. ED: Julien Lacheray. Casting: Chrisel Baras.
    Theme song: "La Musique du futur" (comp. Jean-Baptiste de Laubier, lyr. Céline Sciamma).
    C: Joséphine Sanz (Nelly), Gabrielle Sanz (Marion), Nina Meurisse (La mère), Stéphane Varupenne de la Comédie française (Le père), Margot Abascal (La grand-mère).
    Loc: Cergy-Pontoise (Val-d'Oise, France).
    72 min
    Visa n° 153434
    Festival premiere: 15 June 2021 Berlin International Film Festival.
    French premiere: 2 June 2021.
    Finnish premiere: 25 March 2022, released by Cinemanse with Finnish / Swedish subtitles by Janne Kauppila / Michaela Palmberg.
    Corona precaution: full capacity, hand hygiene, face masks.
    Viewed at Finnkino Strand 2, Iso Kristiina, Lappeenranta, 26 March 2022.

Official synopsis:

" Nelly a huit ans et vient de perdre sa grand-mère.
Elle part avec ses parents vider la maison d’enfance de sa mère, Marion.
Nelly est heureuse d’explorer cette maison et les bois qui l’entourent où sa mère construisait une cabane. Un matin la tristesse pousse sa mère à partir.
C’est là que Nelly rencontre une petite fille dans les bois.
Elle construit une cabane, elle a son âge et elle s’appelle Marion.
C’est sa petite maman
. "

AA: There is a sympathetic tradition in French cinema of film directors as songwriters, including Jean Renoir ("La Complainte de la Butte" in French CanCan), Julien Duvivier ("Quand on s'promène au bord de l'eau" in La belle équipe), Henri Colpi ("Trois petites notes de musique" in Une aussi longue absence), Jacques Demy (Les Parapluies de Cherbourg, Les Demoiselles de Rochefort) and Leos Carax (Kylie Minogue's "Who Were We?" in Holy Motors).

Céline Sciamma brings a distinguished contribution to this legacy with her "La Musique du futur" sung by a child choir in Petite maman (see beyond the jump break).

Petite maman is a wise and profound exploration in the great adventure of childhood and motherhood. The death of a beloved grandmother opens a flood of memories at the mother's childhood home. The viewpoint is of that of her daughter Nelly (Joséphine Sanz).

There is a wonderful forest and a river next to the house, and there Nelly meets her mother as a child. Time travel is a topical theme in today's cinema with Christopher Nolan as the reigning specialist in playing with time. Céline Sciamma brings an original and engaging approach to the preoccupation.

Grounded in everyday realism, Sciamma offers a novel cinematic concept of the dream play. For a moment I was thinking about Florian Zeller's Le Père / The Father where we move unobtrusively between hallucination and reality in the consciousness of a man at the end of his life. Here Sciamma does something similar with a protagonist whose life is still ahead of her.

Petite maman is a celebration of childhood as a golden age, a privileged stage of life. The actors Joséphine Sanz and Gabrielle Sanz convey this remarkably well.

The forest milieu is essential. The director confesses that she was asking herself what Hayao Miyazaki would do. Petite maman has been conceived also for a child audience. A Finnish viewer can discover a lot to identify with in Sciamma's subtly pantheistic view of a benevolent forest experience.

INTRODUCTION FROM THE PRESS KIT BEYOND THE JUMP BREAK:

INTRODUCTION FROM THE PRESS KIT BEYOND THE JUMP BREAK:

La genèse

L’histoire de Petite maman m’est apparue alors que j’écrivais Portrait de la jeune fille en feu. Sa simplicité et son évidence sont venues me visiter régulièrement et j’y rêvais de temps en temps comme un futur très tendre et certain. Le film a grandi discrètement comme ça et j’ai commencé à l’écrire à la fin de la tournée internationale de Portrait. Le premier confinement a tout arrêté. Quand j’ai rouvert le fichier au mois de juin 2019 pour envisager de reprendre l’écriture et redécouvert la première scène du scénario, cet aurevoir d’une petite fille à des résidentes d’un Ehpad, j’ai pensé que le film restait valable et qu’il était peut-être même plus urgent. Notamment parce qu’il pensait aux enfants.
 
Les enfants ont connu un flot impressionnant de crises et d’épreuves collectives ces dernières années : un quotidien scolaire militarisé depuis les attentats, les différentes vagues de #MeToo dont la dernière les concerne directement, les crises du Covid-19. Si les responsables politiques ne se sont jamais officiellement adressés à eux, les enfants ont tout vécu et tout entendu. Il me semble vital de les inclure, de leur donner des récits, de les regarder, de collaborer avec eux.

  Le film repose sur une idée très simple : la rencontre et l’amitié entre une petite fille et sa mère enfant. Je l’ai explorée et contemplée comme si elle possédait un pouvoir magique. J’avais l’impression de réfléchir à une nouvelle situation matricielle ; que cette situation appartenait à toutes et tous et que j’allais en livrer mon interprétation intime. S’imaginer dans un rapport avec son parent à l’état d’enfant est une situation avec laquelle chacune et chacun peut jouer, rêver à sa propre histoire, en tirer de nouvelles sensations ou images, confirmer ou réinventer une relation. C’est infini comme machine à intimité. J’ai beaucoup aimé travailler à cette idée, c’était émouvant et ludique. Le film est habité par cet enthousiasme j’espère.
 
Le voyage dans le temps, décor et costumes
 
Petite maman est une nouvelle proposition de récit de voyage dans le temps. Un voyage intime où l’enjeu n’est ni le futur ni le passé mais le temps partagé. Un voyage sans machine ou véhicule. C’est le film qui serait la machine et plus précisément le montage. C’est la coupe qui télé-transporte les personnages et les réunit.
 
Faire ce choix d’un cinéma magique, c’est se livrer à un grand exercice de précision dans une cartographie pourtant imaginaire. J’avais la sensation - sans l’avoir vraiment pratiqué - que le tournage studio serait le terrain de jeu idéal pour ce film. La logique du studio est venue renforcer cette idée d’un cinéma primitif et très ludique et confiant dans ses outils éternels. C’est très étrange qu’un film tienne dans une boite dans laquelle on rentre par une porte. Ça rend très joueuse.

Le studio permettait la création d’une maison sur mesure et je me suis plongée dans cette opportunité du plus haut niveau d’intervention possible. Réfléchir jusqu’aux interrupteurs. La beauté de la construction d’un décor, c’est que tous les métiers participent et qu’on étend le champ de la conversation à la mesure du champ d’intervention. Notre discussion avec la cheffe-opératrice Claire Mathon incluait les moquettes, la taille des fenêtres et les papiers peints que nous avons inventés dans le nuancier du film. Le travail de construction est passionnant parce qu’il engage toutes les questions de mise en scène. C’est le rythme d’un travelling ou d’un personnage qui est en jeu dans la profondeur d’un couloir à déterminer. C’est le son des pas qui engage les revêtements des sols.
 
J’ai eu à cœur d’inventer un espace dans une mémoire commune des intérieurs français de la seconde moitié du 20ème siècle. Mais le film est aussi parcouru d’énormément de détails intimes. Ainsi, j’ai reconstitué les espaces de vie de mes grands-mères en les fusionnant (c’est une maison qui a clairement la circulation d’un appartement, par exemple). Et les extérieurs sont tournés dans la ville de Cergy où j’ai grandi. Là aussi nous sommes beaucoup intervenus. Nous avions un herbier permanent et infini pour parer la forêt d’un automne flamboyant selon nos souhaits. J’ai adoré voir des adultes construire une cabane et jeter des feuilles d’automnes au sol dans les bois de mon enfance.
 
Petite maman ne se situe pas dans un temps précis. Je veux qu’un enfant de 2021 mais aussi un enfant des années 50, 70, 80 puissent se projeter dans les espaces du film. C’est donc la fabrique d’un temps commun sur plusieurs décennies. Sur cette question, le travail des costumes a été décisif et a donné la ligne. J’ai commencé ce travail très en amont, dès l’écriture. J’ai investigué les photos de classe de la banlieue parisienne années 50 à aujourd’hui, à chercher l’universel du vestiaire enfantin d’une génération à l’autre, jusqu’au réel de la mode enfantine 2020. Cette réflexion sur les costumes nous a incités à renoncer à toute forme de patine ou de différence fantomatiques entre les maisons du présent et du passé. Même au sein du film il n’y a pas de sensation d’époque.
 
Le spectateur enfant
 
Le spectateur enfant était au cœur de mes décisions à toutes les étapes de fabrication du film. Quand j’étais partagée sur un choix de mise en scène, je me demandais « que ferait Miyazaki ». On a toujours tranché en faveur de l’expérience du spectateur enfant, jusque dans la salle de montage. Ça ne veut pas dire que c’est le choix de la facilité, au contraire, c’est plutôt le choix du raccourci poétique le plus radical. Les enfants n’ont pas tout notre bagage culturel et sa pression, ils sont donc très ouverts aux nouvelles idées et récits. Les films d’animation des studios l’ont très bien compris d’ailleurs. Quand on regarde la sophistication du scénario de Vice Versa ou le rythme psychédélique de Lego le film, on sent que ça s’adresse à des esprits très agiles et super disponibles.

Profondément, Petite maman est rêvé comme une expérience à égalité entre les adultes et les enfants. Il est pensé pour rassembler en offrant les mêmes opportunités d’implication et de sensations pour les spectateurs petits et grands. Un terrain de jeu commun en quelque sorte, comme pour les deux héroïnes. Le film tente d’inventer une nouvelle circulation entre les générations et les corps. C’est pour ça qu’il est pensé pour la salle de cinéma. C’est une expérience collective, physique. J’espère qu’on se regardera différemment en sortant de la salle
.
 
Le casting
 
Pendant l’écriture du film je me demandais : si je rencontre ma mère enfant, est-ce que c’est ma mère ? est-ce que ce ne serait pas plutôt ma sœur ? est-ce que c’est mon amie ? est-ce que c’est tout ça à la fois ? Ces questions procuraient un certain vertige qui parlait du trouble au cœur du film. C’est là que cette idée est venue : la mère et la fille pourraient être incarnées par des sœurs. L’annonce publiée par la directrice de casting Christel Baras mentionnait ce critère comme bienvenu et nous avons reçu la candidature de Joséphine et Gabrielle Sanz avec lesquelles nous avons immédiatement trouvé un terrain de travail et d’écoute. Elles ont eu envie de faire le film et leurs parents ont eu la volonté de les accompagner dans cette histoire qui les touchaient.
 
Comme toujours dans mon travail avec les enfants, tout s’est ensuite fait sur le plateau. Pas de répétition, mais une rencontre avec les enjeux de mise en scène au jour le jour. C’est un geste de confiance radicale dans le sérieux et le talent des enfants. Cela me demande une grande préparation en amont - d’autant que les temps de tournage sont légitimement réduits pour les enfants - mais aussi une concentration hors-norme sur le moment. Mais je n’ai jamais été déçue, loin de là
.
 
La musique du futur
 
J’avais envie d’une chanson originale au cœur du film, qui accompagnerait une scène d’aventure enfantine. La musique joue un rôle dramaturgique puisque c’est la seule chose que la petite Marion demande à connaître de l’avenir : la musique du futur. Le projet de la chanson est né de cette ligne de dialogue. J’avais envie qu’on joue à inventer le générique d’un dessin animé fictif des années 80. Le groove et les sons synthétiques des génériques de nos enfances étaient souvent intenses avec pour les plus mémorables une ambition d’avant-garde. J’avais aussi le désir de faire chanter une chorale et que la chanson soit  interprétée par des enfants.
 
J’ai retrouvé mon complice Jean-Baptiste de Laubier / Para One avec ces idées. J’étais émue à l’avance que cette fois notre collaboration célèbre les émotions de l’enfance et qu’on aille très loin dans notre sentimentalité commune. Il a proposé la mélodie principale très vite après sa découverte du film. On l’a immédiatement adoptée. Il a ensuite longuement développé de nombreuses lignes mélodiques pour lesquelles   j’ai écrit des paroles au futur. Elle convoque à la fois le rêve du film « le rêve d’être enfant avec toi », mais aussi j’espère, un rêve plus grand porté par leurs voix
.

Je voulais que la chanson appartienne totalement au film mais qu’elle puisse aussi être l’hymne d’autre chose, qu’elle puisse accompagner une manif d’enfants par exemple.
 
Paroles
 
Des voix d’enfants chanteront
de nouveaux rêves
 
Le rêve d’être enfant avec toi
Le rêve d’être enfin loin de toi
Le rêve d’être enfant loin de toi
Le rêve d’être enfin avec toi
 
La chanson n’aura pas peur
de dire ce qu’on a dans le cœur
 
Le rêve d’être enfant avec toi
Le rêve d’être enfin loin de toi
Le rêve d’être enfant loin de toi
Le rêve d’être enfin avec toi

La chanson n’aura pas peur
de dire ce qu’on a sur le cœur
 
Si mon cœur est dans ton cœur
Ton cœur
Ton cœur est dans mon cœur
 
Ma chanson n’aura pas peur
de dire ce qu’on a dans le coeur
 
Si ton cœur est dans mon cœur
Mon cœur
Mon cœur est dans ton cœur


Céline Sciamma

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