Thursday, April 04, 2024

Los delincuentes / The Delinquents


Rodrigo Moreno: Los delinquentes / The Delinquents (AR 2023).

2024  Argentina, Brazil, Chile, Luxembourg 
Production companies  Wanka Cine, Les Films Fauves, Sancho&Punta, Jirafa Films, Jaque Productora, 
Rizoma Films
Produced by  Ezequiel Borovinsky
Directed by  Rodrigo Moreno
Written by  Rodrigo Moreno
Cinematography  Alejo Maglio, Inés Duacastella
Edited by  Manuel Ferrari, Nicolás Goldbart, Rodrigo Moreno
Distributed by MUBI, MACO Cine, Magnolia Pictures International
Language  Spanish
180 min
   CAST  
Daniel Elías as Morán
Esteban Bigliardi as Román
Margarita Molfino as Norma
Germán de Silva as Del Toro and Garrincha
Laura Paredes as Laura Ortega
Mariana Chaud as Marianela
Cecilia Rainero as Morna
Javier Zoro Sutton as Ramón
Gabriela Saidón as Flor
Adriana Aizemberg as Bank Client
    Festival premiere: 18 May 2023 Cannes.    
    Argentinian premiere: 26 Oct 2023.
    Argentine entry for 2023 Best International Feature Film at the 96th Academy Awards
    French premiere: 27 March 2024 - released by JHR Films - tous publics - VOSTFR n.c.
    Viewed at MK2 Beaubourg, Salle 1, Métro Beaubourg, ligne 11, jeudi le 4 avril 2024.

SYNOPSIS (Cannes 2023): " Morán and Román are two bank employees that at some point in their lives question the routine life they carry out. One of them finds a solution, committing a crime. Somehow he succeeds and commits his destiny to his partner. This decision will lead to a resounding change in their lives in search of a better existence. "

NOTE DE RODRIGO MORENO (MAI 2023) :  

" Choisir une vie meilleure : quitter la ville, son travail, voire sa famille, et s’installer à la campagne, au bord de l’océan ou à la montagne, pour s’abandonner au loisir et ne plus dépendre de quelque chose ou de quelqu’un. Des questions à la fois existentielles et pratiques rendent ce rêve difficile : comment gagner sa vie ? Comment vivre sans toutes les choses qu’on a déjà ? Quand poursuivre ce rêve ? "

" Le personnage principal de Los Delincuentes trouve la solution : dérober à la banque qui l’emploie l’équivalent de son salaire sur 25 ans. Il ne s’agit pas d’être millionnaire, il s’agit de pouvoir vivre sans
travailler jusqu’au bout. "

" Comme c’est le cas dans les films de hold-up, la moralité du vol n’est pas le sujet. J’invoque la vieille maxime, attribuée à Brecht, selon laquelle fonder une banque est un crime bien plus grave que de la dévaliser. "

" En ce sens, le film adopte un point de vue anarchiste et ne s’attarde pas sur ces questions bourgeoises, mais considère plutôt l’idée que la vie moderne, telle qu’on l’entend, anéantit la possibilité que l’homme soit véritablement libre. C’est sur cette tension que se construit le rêve de Morán, qu’il finit par atteindre en acceptant d’être privé de sa liberté. Dans le film, il est dit que l’incarcération en prison pendant trois ans et demi est préférable à l’incarcération au travail pour le reste de votre vie. "
  
" Le travail, dans le système capitaliste, est tout parce qu’il est le seul moyen de produire du capital. La valeur symbolique de tout cela est représentée par l’argent, d’où la dépendance et la dévotion qu’il
suscite. Notre vie est aujourd’hui régie par ces paramètres. "

" Les notions de repos et de loisir n’ont plus aujourd’hui la même valeur qu’autrefois. Plus encore dans nos pays pauvres de second rang, où émergent parfois des gouvernements progressistes. L’idéal de changer de posture vis-à-vis de l’argent, de la production, et donc du travail, occupe le devant de la scène, pourtant l’idée même de construire une vision plus humaniste, autour du plein exercice de la liberté, a été abandonnée. "

" Ces idées, qui peuvent sembler un peu ambitieuses dans un texte comme celui-ci, sont sous-jacentes dans Los Delincuentes, mais aussi dans tous mes précédents films : le contraste entre la routine quotidienne du travail comme facteur d’aliénation et la possibilité de s’en échapper ou de choisir l’errance comme moyen de découvrir de nouvelles formes de liberté. "
  
" Nous avons tous un travail, nous rêvons tous d’une vie meilleure et, à un certain point de nos vies, même si nous aimons notre travail ou notre métier, nous souhaitons cesser de travailler et être des gens libres, libérés du joug du travail. Ce film traite de ce rêve impossible, en tentant de le rapprocher du public comme l’une de nombreuses vies potentielles que nous choisissons tous de mener. "

AA: In Los delincuentes, Rodrigo Moreno pays tribute to Hugo Fregonese's Apenas un delincuente (AR 1949), the well-made compact, story-driven thriller about bank theft and prison break.

Rodrigo Moreno takes the crime setup as his starting point but changes the approach completely. He takes his time to build the characters of the risk-taking Morán and the duty-bound Román and paints vivid portraits of the contrasting milieux of the financial center of Buenos Aires and the pastoral idyll of Córdoba.

Los delinquentes reflects a profound disappointment with urban working life and a yearning for a life in harmony with nature. The movie is open-ended. We are left reflecting upon the collateral damage of Morán's crime. Los delinquentes is an original vanitas story in the great tradition of the "big caper" film (think Huston).

Bank fraud seems endemic. Unrelated to the main story, there is a case of an identical signature. The lady under examination comments that different people may have the same signature. Or the same voice. Even the same life.

The bank and the prison appear as two versions of the same way of life. The life-affirming attitudes of a film-making trio (a Chilean film director with a female companion and her sister) open an alternative of a natural, relaxed and sensual life.

The cinematography has been conducted in Academy often in long, loose, digressive, lingering takes. In the pastoral sections there are immersive long shots and ultra long shots in depth, full of fine soft detail. They convey the union with nature missing in urban life. 

I am currently following an Anthony Mann retrospective, and the last sequence of Los delincuentes evokes Mann to me: Morán surveys Cordóba's wide open rocky landscape on horseback. (Survey = arpenter: there is a book by Natacha Pfeiffer and Laurent Van Eynde called Anthony Mann : Arpenter l'image).

Moreno resurrects the device of the split screen, combined with the sweep. He is also fond of superimpositions. His meditative approach appears as a counter-move to our ubiquitous image barrage.

References include L'Argent by Robert Bresson and the poems of Ricardo Zelarayán: La gran salina y otros poemas.

The soundtrack is a warm and engaging fusion mix including jazz and tango, Piazzolla, Poulenc and Parra, as well as Saint-Saëns. But also Bach: Prelude and Fugue in C minor, BWV 847 from The Well-Tempered Clavier. The fugue association is relevant. Los delincuentes is not a well-made story film but a fugue film on a theme and variations and improvisations. 

BEYOND THE JUMP BREAK: DATA FROM MK2, JHR FILMS, DOSSIER DE PRESSE:
BEYOND THE JUMP BREAK: DATA FROM MK2, JHR FILMS, DOSSIER DE PRESSE:

MK2
Los delincuentes
de Rodrigo Moreno
Tous publics
SYNOPSIS
Román et Morán, deux modestes employés de banque de Buenos Aires, sont piégés par la routine. Morán met en oeuvre un projet fou : voler au coffre une somme équivalente à leurs vies de salaires. Désormais délinquants, leurs destins sont liés. Au gré de leur cavale et des rencontres, chacun à sa manière emprunte une voie nouvelle vers la liberté.
CASTING
Cecilia Rainero, Esteban Bigliardi, Mariana Chaud, Gabriela Saidon, Iair Said, Margarita Molfino, Javier Zoro, Lalo Rotavería, Fabian Casas, Adriana Aizemberg
DURÉE
189 minutes
GENRE
Drame / Comédie
DATE DE SORTIE
19 mars 2024

« Los delicuentes » de Rodrigo Moreno : retraite anticipée
Olivier Marlas
2024-03-08

[Critique] Trois heures de détours entre Buenos Aires et les campagnes alentour, les murs déprimants d’une banque et l’horizon d’une vie moins médiocre. Buddy movie déroutant comme un jeu de quilles burlesque, ce film nous enchante par sa liberté narrative et formelle.

La grâce de Los delincuentes doit beaucoup à cette dimension sauvage, serpentant au gré de pistes, d’imageries et de temporalités multiples sans qu’aucun élément ne fasse toc. D’emblée, Morán, employé de banque traînant son costume de quadra chauve sans histoires, peu convaincu par les bienfaits du travail et des pauses cigarette, décide de mettre les voiles en dérobant une somme d’argent qui correspond aux quelque vingt années de salaire le séparant de la retraite.

Avec, en prime, la même quantité de billets à Román, collègue consciencieux, irréprochable, mais soudain pris de vertiges quand le voleur, avant de se dénoncer pour purger trois ans et demi de prison, lui confie son secret et l’intégralité du magot...

Alors qu’il n’avait plus tourné depuis une décennie, l’Argentin Rodrigo Moreno nous revient avec une fiction ample et radieuse, déjouant les pièges du récit à suspense et du discours anticapitaliste bon teint pour brosser avec tendresse le portrait d’hommes médiocres, amoureux de la même femme – rencontrée après avoir planqué le pactole – et des mêmes espaces et fantasmes qui réchauffent l’esprit. Comme les reflets d’un film d’été qui s’étire sans fin, à cheval ou à pied, dans un bus ou dans l’eau, vers un horizon fabuleux.

Los delincuentes de Rodrigo Moreno, Arizona / JHR Films (3 h 10), sortie le 27 mars.

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JHR FILMS  
Los Delincuentes
Réalisé par : Rodrigo Moreno
Avec : Esteban Bigliardi, Margarita Molfino, Mariana Chaud
Fiction – 180 min
Román et Morán, deux modestes employés de banque de Buenos Aires, sont piégés par la routine. Morán met en oeuvre un projet fou : voler au coffre une somme équivalente à leurs vies de salaires. Désormais délinquants, leurs destins sont liés. Au gré de leur cavale et des rencontres, chacun à sa manière emprunte une voie nouvelle vers la liberté.
27 mars 2024

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DOSSIER DE PRESSE
  
SYNOPSIS
Román et Morán, deux modestes employés de banque de Buenos Aires, sont piégés par la routine.
Morán met en oeuvre un projet fou : voler au coffre une somme équivalente à leurs vies de salaires.
Désormais délinquants, leurs destins sont liés. Au gré de leur cavale et des rencontres, chacun à sa manière emprunte une voie nouvelle vers la liberté.
  
ENTRETIEN AVEC RODRIGO MORENO
  
Morán et Román sont pris par un éternel conflit, où s’opposent le besoin de gagner sa vie et le désir de se libérer du travail
  
La société moderne nous a conduits à vivre des vies dont nous ne voulons pas : il y a des obligations formelles qui restreignent nos libertés. Aujourd’hui, en ces temps de crise économique, nous dépendons plus que jamais des obligations, mais nous dépendons aussi de la technologie, nos existences sont devenues totalement dépendantes. La décision de Morán nous invite à nous débarrasser de cette fatalité.
 
L’histoire de Morán se fonde-elle sur une quelconque réalité  ?
Quelqu’un a-t-il tenté un coup semblable dans la vraie vie ?

Il y a cette histoire vraie du meilleur employé de banque d’une ville argentine qui a volé trois millions de dollars de l’argent qu’il était censé protéger. Il a été arrêté quelques semaines plus tard au Paraguay avec sa maîtresse et envoyé en prison. L’argent n’a jamais refait surface. Après quelques années de détention, il a été assigné à résidence, mais comme sa dernière adresse était celle de son ex-femme, il a dû purger sa peine de deux ans avec cette dernière. Rien de tout cela n’a directement inspiré cette histoire, mais j’ai pensé à ce type lors de l’écriture du scénario, en essayant d’imaginer son existence, le fait d’avoir fait prendre un tel tournant à sa vie. Il a dû beaucoup souffrir au travail pour prendre une telle décision.

Il y a aussi un vieux film argentin, L’Affaire de Buenos Aires 1 [1 [NdT] Titre original: Apenas un delincuente, Hugo Fregonese, 1949] d’Hugo Fregonese, qui utilise cette idée d’employés qui volent de l’argent à leur boulot pour cesser de travailler et être libres. J’ai baptisé Morán en pensant à ce personnage, qui s’appelait aussi Morán, mais les deux films n’ont que cela en commun. C’est un lien ténu avec le vieux cinéma argentin. Mes précédents films étaient en quelque sorte coupés de l’histoire du cinéma argentin et je n’étais pas à l’aise avec cela. Alors dans ce film-ci, je voulais dialoguer avec notre propre histoire cinématographique.

Ces deux hommes sont des collègues, mais ils sont très différents dans la vie. Parlez-nous de la construction de ces deux personnages et comment ils ont pris vie dans votre histoire ?

Mes initiales sont R et M. Román et Morán pourraient être compris comme les deux hémisphères de ma personnalité. Il y a toujours une lutte intérieure, pour obéir ou se rebeller, pour vivre sous la pression des obligations ou prendre des risques et se laisser aller à l’aventure. Je crois que d’une certaine manière les deux personnages représentent, peut-être dans une lecture trop psychanalytique, cet éternel combat intérieur. Mais si vous voyez le film, il est facile de savoir où je me situe.

Les personnages que Román rencontre à la campagne, les mêmes que Morán a rencontrés avant le vol, sont des cinéastes, des artistes, des amoureux et des esprits libres.

Tout d’abord, il y avait ces deux sœurs que je voulais montrer comme des femmes libres d’esprit vivant dans ce paysage. On ne sait pas précisément comment elles gagnent leur vie, mais  elles mènent une vie à l’opposé de celle de Morán et Román. Quant à Ramón, qu’interprète le réalisateur chilien Javier Zoro, le personnage s’inspire complètement de lui. Il essaie de terminer un film sur les jardins depuis notre première rencontre et je lui ai demandé de participer au film en restant presque lui-même. Il a des théories sur les jardins et les formes de la nature et un des dialogues du film s’en inspire.
  
Les scènes de banque à Buenos Aires et celles de la vie à la campagne en dehors de la ville sont très différentes. Comment avez-vous créé le ton et la texture de ces lieux ?
  
Je voulais filmer le centre-ville en utilisant la structure et le style d’un film documentaire pour avoir à intervenir le moins possible sur la rue et pouvoir saisir nos personnages noyés dans la foule qui peuple habituellement le quartier des banques de la ville, qu’on appelle tout simplement «la ville financière».

La présence de la ville est réelle, tangible, comme si cette histoire se déroulait vraiment dans ce contexte surpeuplé de véhicules et d’une foule massive.

Le contraste avec les paysages verdoyants de Córdoba est à la fois évident et essentiel. Ce paysage apparaît comme libérateur, par opposition à la dégradation morose qu’offre la vie professionnelle.
Nous avons utilisé des contre-jours naturels, des peaux sans maquillage, des chemins de terre parcourus par des voitures cabossées et la paisible présence de reflets dans différents cours d’eau et lacs. Cela est lié à l’idée de tirer le meilleur parti de l’environnement naturel d’une part, et d’avoir un décor qui permette la production du film d’autre part. En ce sens, la dimension de la production est intimement liée à ma façon de travailler et donc à mon esthétique. Je travaille avec une équipe de quinze à vingt personnes, juste avec le matériel technique nécessaire.

La banque en elle-même se prête mal à être filmée  : une bête sinistre d’un autre temps et d’un autre lieu, alors que l’histoire se déroule de nos jours.

Je ne voulais pas filmer la banque et la prison de manière réaliste, c’était donc l’inverse du tournage des scènes de campagne : l’équipe était plus nombreuse que dans les collines, le choix des décors s’est attaché à donner ce filtre intemporel à l’aspect du film, à la façon de le représenter, les acteurs jouent de manière un peu décalée pour renforcer l’impression de raconter une fable. Une fable, pas en termes de morale, mais au sens où elle raconte une histoire qui relève de la fiction. La combinaison de ces différents éléments – documentaire, fable et portrait d’une vie simple dans un environnement naturel – donne l’impression que le film en comprend plusieurs et la sensation du temps qui passe, qui est ici
d’environ quatre ans.

Vous utilisez les split-screens avec parcimonie dans ce film, mais ils se remarquent et sont employés de manière ingénieuse.

L’enjeu de ce film était de continuer à raconter ce qui me préoccupe dans mon travail (vie professionnelle versus loisirs, dépendance versus liberté, routine versus aventure) dans un nouveau contexte formel. Le cinéma a de nouvelles responsabilités depuis qu’il a été relégué au second plan par le phénomène des séries télévisées et des téléfilms : ramener à l’écran la créativité cinématographique
d’antan. Le cinéma doit sauver le public de la standardisation et des paresseuses habitudes de visionnage. Mon objectif principal, uniquement motivé par le plaisir et la passion des ressources
cinématographiques, était donc de raconter cette longue histoire par la seule grâce du cinéma (utilisation suggestive de la musique, du split-screen, des fondus, etc.).
  
Pourquoi ces anagrammes : Morán, Román, Morna, Norma ?
  
Et Ramon ! Je n’ai malheureusement pas réussi à trouver plus d’anagrammes avec ces cinq lettres. J’aurais adoré nommer tous les personnages avec ces lettres ! Mais je n’ai pas réussi. Namor aurait pu être encore un autre personnage si ce n’était pas un super-héros Marvel.

J’aime les jeux de mots et la créativité du langage. Et d’ailleurs j’adore filmer des jeux, comme le jeu des capitales dans ce film. La plupart de mes précédents films sont truffés de ce genre de remarques sur les loisirs et le langage. Ces anagrammes sont en partie liées à cela, mais également au fait de jouer un jeu fait de duplicités, de destins partagés et des faces d’un même cube. Il y a des gens qui mènent la même vie, dit Marianela au début, tandis qu’elle essaie de trouver une explication à la scène absurde de la duplication des signes. Cette réplique n’est pas innocente : elle est là pour donner un indice important au spectateur.

La fin est ambiguë, on reste dans l’expectative, dans l’interrogation, dans l’incertitude sur le destin de chacun de ces hommes.

Parce que le film ne s’intéresse pas à ce qu’est devenu l’argent, mais au processus d’une décision qui change une vie.
  
De nombreux films argentins de ces dernières années, comme La Flor, Trenque Lauquen et Historias Extraordinarias2 , semblent aussi littéraires que cinématographiques, comme s’ils avaient été touchés par l’esprit de Bolaño et de Borges. C’est aussi le cas de Los Delincuentes.

Merci pour le compliment, c’est un honneur d’être associé à des films que j’adore, à des cinéastes et des écrivains que j’aime beaucoup. Mais je ne vois aucun lien dans ce cas précis. La littérature de Borges parcourt les banlieues de Buenos Aires, le XIXe  siècle et la Pampa  : il part de vieux classiques,  d’Homère aux Mille et une nuits, de Cervantès aux traditions germaniques, et les revisite au prisme argentin des grands espaces criollo pour créer une nouvelle épopée du Sud. Quant à Bolaño, il a également tendance à magnifier les figures mineures de la vie de bohème en Amérique latine. Je pense que ce n’est pas le cas dans ce film, sauf pour le cinéaste chilien, Ramón, qui vient du même pays que
Bolaño. Le film fait un long détour à ce moment-là pour montrer à Morán un nouveau monde inconnu, où des gens passent leur temps à filmer les fleurs et la nature. Mais je ne suis pas sûr que ce genre d’observations fasse aussi partie de l’univers de Bolaño. La structure de ce film peut s’apparenter à celle d’un roman, en termes de longueur et de narration non linéaire, avec des allers-retours entre les événements. On compare souvent les nouvelles aux longs métrages et les séries à la structure d’un roman. Dans le cas présent, dans un film de trois heures comme celui-ci, la structure rappelle celle d’un roman, dans la mesure où il fait le portrait de chaque personnage et raconte chaque événement.
  
2 [NdT] La Flor (Mariano Llinás, 2018), Trenque Lauquen (Laura Citarella, 2022) et Historias Extraordinarias (Mariano Llinás, 2008).


BIOGRAPHIE DE RODRIGO MORENO
  
Rodrigo Moreno est un cinéaste argentin né et basé à Buenos Aires. Ses films ont été présentés et primés entre autres à la Berlinale, San Sebastian, Toronto, Sundance, Rotterdam, la Viennale, New Directors/New Films et Londres.

Son travail a également été exposé au MoMA, au Guggenheim Museum, au Lincoln Center, au Centre Pompidou et à la Haus der Kulturen der Welt.

Son film El Custodio (2006) a notemment remporté le prix Alfred Bauer à la Berlinale et le prix du meilleur scénario latino-américain à Sundance. A Mysterious World (2011) a été également présenté en compétition officielle de la Berlinale. Reimon (2014) et Provincial City (2017) ont tous été produits par sa propre société, Compania Amateur.

Rodrigo Moreno enseigne la réalisation à L’université du cinéma de Buenos Aires et fait partie du comité éditorial de la publication annuelle Revista de Cine, où il écrit également des articles et des essais sur le cinéma. Il s’est également aventuré dans les arts visuels avec la photographie, la vidéo expérimentale et les arts de la scène. Sa performance Professional Radio Announcers Read Karl Marx’s Capital, co-créée avec Bruno Dubner, a été finaliste d’ArteBA/ Petrobras, l’un des prix d’arts visuels les plus prestigieux d’Amérique du Sud.
  
FILMOGRAPHIE
  
LOS DELINCUENTES (2023)
UNA CIUDAD DE PROVINCIA (2017)
REIMON (2014)
UN MUNDO MISTERIOSO (2011)
EL CUSTODIO (2006)
EL DESCANSO (2001)
  
AVEC
  
Morán...DANIEL ELIAS
Román...ESTEBAN BIGLIARDI
Norma...MARGARITA MOLFINO
Del Toro...GERMAN DE SILVA
Garrincha...GERMAN DE SILVA
Laura Ortega...LAURA PAREDES
Marianela...MARIANA CHAUD
Flor...GABRIELA SAIDON
Morna...CECILIA RAINERO
Ramón...JAVIER ZORO SUTTON
Isnardi ...LALO ROTAVERIA
Barrientos...IAIR SAID
Vespucio...AGUSTÍN TOSCANO
Clienta del Banco...ADRIANA AIZENBERG
Maestro Zen...FABIAN CASAS
Aurora...AURORA MORENO
León...LEÓN MORENO
Guardia 1...PABLO PLANDOLIT
Carbajal...JONATHAN DE ROSA “EL POLA”
Toni...FRANCO DE LA PUENTE
Crivilone...PAULO DA SILVA NUNES
Remisero...GUILLERMO OSSANA
Policía...DARIO QUINTERO
Policía...FACUNDO GIGENA
Mujer Policía...NATALI CARRANZA
Cajera...YESSICA DAINA GONZALEZ CAPELLO
Guardia 2...ERASMO COLOMBO
Caballo...MANCHA
  
LISTE TECHNIQUE
  
Réalisation...RODRIGO MORENO
Scénario...RODRIGO MORENO
Production...WANKA CINE
Co-production...LES FILMS FAUVES / SANCHO&PUNTA
JIRAFA FILMS / JAQUE CONTENT / RIZOMA FILM
Producteur...EZEQUIEL BOROVINSKY
Production exécutive...EZEQUIEL BOROVINSKY, EZEQUIEL CAPALDO, EUGENIA MOLINA, RODRIGO MORENO, GILLES CHANIAL, JULIA ALVES, MICHAEL WAHRMANN, BRUNO BETATTI HERNÁN MUSALUPPI, DANIEL LAMBRISCA
Direction de production...EZEQUIEL CAPALDO, EUGENIA MOLINA
Image...ALEJO MAGLIO, INES DUACASTELLA
Son...ROBERTO ESPINOZA
Décors...GONZALO DELGADO, LAURA CALIGIURI
Montage...MANUEL FERRARI, NICOLÁS GOLDBART, RODRIGO MORENO
Costumes...FLORA CALIGIURI
Superviseur VFX...LEANDRO PUGLIESE

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CANNES FILM FESTIVAL 2023
  
Morán and Román are two bank employees that at some point in their lives question the routine life they carry out. One of them finds a solution, committing a crime. Somehow he succeeds and commits his destiny to his partner. This decision will lead to a resounding change in their lives in search of a better existence.

Directed by : Rodrigo MORENO
Year of production: 2023
Country: Argentina
Duration: 180 min
  
CREDITS
RODRIGO MORENO
Director
RODRIGO MORENO
Screenplay
ALEJO MAGLIO
Cinematography
INÉS DUACASTELLA
Cinematography
GONZALO DELGADO
Production Design
LAURA CALIGIURI
Production Design
MANUEL FERRARI
Editing
NICOLAS GOLDBART
Editing
RODRIGO MORENO
Editing
MARCOS LOPES DA SILVA
Sound
ROBERTO ESPINOZA
Sound

CAST

MARGARITA MOLFINO
Norma
GERMAN DE SILVA
Del Toro
LAURA PAREDES
Laura Ortega
MARIANA CHAUD
Marianela
CECILIA RAINER
Morna
JAVIER ZORO SUTTON
Ramón
GABRIELA SAIDÓN
Flor
DANIEL ELIAS
Morán
ESTEBAN BIGLIARDI
Román

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