Nicolas Philibert: Averroès & Rosa Parks (FR 2024). |
French Wikipedia: Fiche technique
Réalisation : Nicolas Philibert
Production : Miléna Poylo & Gilles Sacuto, Céline Loiseau
Photographie : Nicolas Philibert, assisté de Pauline Pénichou
Montage : Nicolas Philibert, assisté de Janusz Baranek
Son: Erik Ménard
Mixage: Emmanuel Croset
Musique: Sarah Murcia et Magic Malik d’après L’hymne à la joie (Ludwig van Beethoven)
Distribution : Les Films du Losange
Genre : Documentaire
Durée : 143 minutes
Festival premiere: 16 Feb 2024 Berlin
Date de sortie : 20 mars 2024
Viewed at MK2 Beaubourg, Salle 2, 23 March 2024
Averroès & Rosa Parks est un film documentaire français réalisé par Nicolas Philibert et sorti en 2024. C'est le deuxième volet d'un triptique consacré au monde psychiatrique, après le documentaire Sur l'Adamant sorti en 2023. Le film a été présenté hors compétition à la Berlinale 2024.
Synopsis
" Averroès et Rosa Parks sont deux unités de l’hôpital Esquirol, qui relèvent du Pôle psychiatrique Paris-Centre. L'hôpital était autrefois appelé « asile de Charenton ». D'entretiens individuels en activités de groupe, le film s'attache à décrire les relations entre les soignants et les patients, malgré le manque de moyens attribués à ce type de centre médical. "
AA: I saw last year Sur L'Adamant (FR 2022), Nicolas Philibert's previous movie, the winner of the Golden Bear at Berlin Film Festival in 2023. He has a unique sensitivity and courage to approach people who are mentally ill. I have little to add to my blog notes about the director's previous film. I keep thinking about the question of authenticity in front of the camera. I am thinking about masks and chameleon metaphysics. Aren't we performing in a different way when a camera is on? Or has reality television and other modern media changed us so much that there is little difference anymore between being and appearing?
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UNIFRANCE
David Ezan
Décryptage : le cinéma peut-il sauver l'hôpital ?
2024-03-18
2024-03-18
Tandis que l’hôpital semble n’avoir jamais repris son souffle depuis la crise sanitaire, l’agenda cinématographique nous gratifie cette saison de plusieurs documentaires sur le sujet : « Averroès et Rosa Parks », puis « La Machine à écrire et autres sources de tracas », signés Nicolas Philibert (qui avait déjà réalisé « Sur l’Adamant ») ; « Madame Hofmann » de Sébastien Lifshitz ; « État limite » de Nicolas Peduzzi. Que révèlent-ils de la situation et que peut le cinéma à cet endroit ?
S’il n’est pas nouveau que le cinéma documentaire s’invite à l’hôpital public français, au moins depuis Urgences (1988) de Raymond Depardon, force est de constater qu’il y intensifie ses visites. Au point que l’hôpital en devient un sujet prisé, grand thermomètre qu’il est de l’état de nos corps et donc de notre société. L’hôpital est en effet devenu un grand enjeu de société, au centre de tous les débats, depuis la crise du Covid-19. Madame Hofmann de Sébastien Lifshitz et État limite de Nicolas Peduzzi, respectivement en salles les 10 avril et 1er mai (lire p. 64), prennent ainsi place en période d’insécurité sanitaire, de « guerre » comme lancé par Emmanuel Macron dans son allocution du 16 mars 2020.
À tel point que l’hôpital Beaujon, dans État limite, est immortalisé par les clichés granuleux d’une ancienne photographe de guerre – la mère du cinéaste. « Peut-être que la crise sanitaire a marqué une prise de conscience, un intérêt à réaliser des documentaires sur le sujet. Le Covid, c’est devenu une référence dans la mémoire collective ; c’est une manière de raccrocher le public à un dénominateur commun », analyse Fanny Vincent, sociologue qui alertait sur la situation dès 2019 avec La Casse du siècle. À propos des réformes de l’hôpital public, un livre qu’elle a coécrit avec Pierre-André Juven et Frédéric Pierru.
Aussi, c’est sans doute la valorisation médiatique d’un sujet autrefois moins visible qui a permis cette émulation. En témoigne l’Ours d’or attribué à Sur l’Adamant de Nicolas Philibert, sorti l’an dernier comme d’autres films marquants sur la question tels que De humani corporis fabrica de Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel, ou bien Notre corps de Claire Simon. Autant de caméras désormais infiltrées dans un espace aux coulisses presque sacrées.
S’il n’est pas nouveau que le cinéma documentaire s’invite à l’hôpital public français, au moins depuis Urgences (1988) de Raymond Depardon, force est de constater qu’il y intensifie ses visites. Au point que l’hôpital en devient un sujet prisé, grand thermomètre qu’il est de l’état de nos corps et donc de notre société. L’hôpital est en effet devenu un grand enjeu de société, au centre de tous les débats, depuis la crise du Covid-19. Madame Hofmann de Sébastien Lifshitz et État limite de Nicolas Peduzzi, respectivement en salles les 10 avril et 1er mai (lire p. 64), prennent ainsi place en période d’insécurité sanitaire, de « guerre » comme lancé par Emmanuel Macron dans son allocution du 16 mars 2020.
À tel point que l’hôpital Beaujon, dans État limite, est immortalisé par les clichés granuleux d’une ancienne photographe de guerre – la mère du cinéaste. « Peut-être que la crise sanitaire a marqué une prise de conscience, un intérêt à réaliser des documentaires sur le sujet. Le Covid, c’est devenu une référence dans la mémoire collective ; c’est une manière de raccrocher le public à un dénominateur commun », analyse Fanny Vincent, sociologue qui alertait sur la situation dès 2019 avec La Casse du siècle. À propos des réformes de l’hôpital public, un livre qu’elle a coécrit avec Pierre-André Juven et Frédéric Pierru.
Aussi, c’est sans doute la valorisation médiatique d’un sujet autrefois moins visible qui a permis cette émulation. En témoigne l’Ours d’or attribué à Sur l’Adamant de Nicolas Philibert, sorti l’an dernier comme d’autres films marquants sur la question tels que De humani corporis fabrica de Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel, ou bien Notre corps de Claire Simon. Autant de caméras désormais infiltrées dans un espace aux coulisses presque sacrées.
De humani corporis fabrica de Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel
S’APPROPRIER LES LIEUX
Contrairement à ce que suggère la fausse efficacité des reportages télévisés, investir l’hôpital avec équipe et caméra est un acte fort, qui requiert en premier lieu de gagner la confiance des soignants comme des patients. Une exigence propice à la délicatesse et au temps long, en témoigne la durée moyenne des tournages – jusqu’à plus de deux ans pour État limite. « La récurrence des tournages produit une habitude, presque une routine. À la fin, les gens ont conscience de la caméra, mais, souvent, les situations dans lesquelles ils se trouvent deviennent plus fortes que le dispositif autour », abonde Sébastien Lifshitz, qui a suivi une cadre infirmière à l’hôpital nord de Marseille pour Madame Hofmann. La caméra doit ainsi pouvoir s’effacer, si ce n’est s’intégrer à « une communauté » avec le plus grand naturel possible.
Mieux : elle doit enfin passer du statut d’intrus à celui de complice. Accueillir ces visages, ces gestes, ces paroles, comme le dit justement Nicolas Peduzzi à propos de son travail avec le psychiatre Jamal Abdel-Kader, qu’il suit dans État limite : « Il s’est servi de notre caméra. On a tendance à croire qu’on “vole” ceux qu’on filme. Or, les patients les plus isolés se sont davantage confiés face à elle. Ils parlaient, car ils sentaient qu’on les regardait différemment, qu’on s’intéressait à eux. » Une fois apprivoisée par l’hôpital, la caméra devient même l’outil d’un authentique – et parfois très intime – témoignage social.
Mieux : elle doit enfin passer du statut d’intrus à celui de complice. Accueillir ces visages, ces gestes, ces paroles, comme le dit justement Nicolas Peduzzi à propos de son travail avec le psychiatre Jamal Abdel-Kader, qu’il suit dans État limite : « Il s’est servi de notre caméra. On a tendance à croire qu’on “vole” ceux qu’on filme. Or, les patients les plus isolés se sont davantage confiés face à elle. Ils parlaient, car ils sentaient qu’on les regardait différemment, qu’on s’intéressait à eux. » Une fois apprivoisée par l’hôpital, la caméra devient même l’outil d’un authentique – et parfois très intime – témoignage social.
« La puissante architecture de l’hôpital Beaujon devient "une espèce d’animal effrayant", un grand vaisseau qui tangue »
Le tout avec l’accord des concernés, systématiquement demandé par les cinéastes, qui mettent un point d’honneur à construire un échange avec ceux qu’ils immortalisent. Si témoignage il y a, il n’est jamais question pour autant de filmer cliniquement le réel. Sébastien Lifshitz en a fait un cheval de bataille : « J’engage à 200 % la subjectivité de mon regard. Ma grammaire détonne avec celle du cinéma-vérité : je tourne en Scope, je mets de la musique, je cadre en longue focale. Je viens me mettre au plus près des gens, j’essaie de faire ressentir leur vie intérieure », affirme-t-il. C’est tout le regard de cinéastes qui déploient un vrai point de vue sur l’hôpital, qui s’approprient les lieux à mesure qu’ils le filment.
Dans État limite, Nicolas Peduzzi retranscrit le chaos ambiant à l’aide de cadres branlants, d’un montage haché et d’une musique aux accents techno qui vient transpercer les couloirs. Par l’entremise d’une caméra-épaule tremblante, la puissante architecture de l’hôpital Beaujon devient « une espèce d’animal effrayant », un grand vaisseau qui tangue. Le cinéaste n’hésite pas à convoquer un imaginaire fantastique, quitte à filmer le psychiatre esseulé en super-héros posté tout en haut du monde. L’espace et sa force évocatrice s’animent sous nos yeux, produisent une émotion tout à la fois romanesque et très pertinente.
Le tout avec l’accord des concernés, systématiquement demandé par les cinéastes, qui mettent un point d’honneur à construire un échange avec ceux qu’ils immortalisent. Si témoignage il y a, il n’est jamais question pour autant de filmer cliniquement le réel. Sébastien Lifshitz en a fait un cheval de bataille : « J’engage à 200 % la subjectivité de mon regard. Ma grammaire détonne avec celle du cinéma-vérité : je tourne en Scope, je mets de la musique, je cadre en longue focale. Je viens me mettre au plus près des gens, j’essaie de faire ressentir leur vie intérieure », affirme-t-il. C’est tout le regard de cinéastes qui déploient un vrai point de vue sur l’hôpital, qui s’approprient les lieux à mesure qu’ils le filment.
Dans État limite, Nicolas Peduzzi retranscrit le chaos ambiant à l’aide de cadres branlants, d’un montage haché et d’une musique aux accents techno qui vient transpercer les couloirs. Par l’entremise d’une caméra-épaule tremblante, la puissante architecture de l’hôpital Beaujon devient « une espèce d’animal effrayant », un grand vaisseau qui tangue. Le cinéaste n’hésite pas à convoquer un imaginaire fantastique, quitte à filmer le psychiatre esseulé en super-héros posté tout en haut du monde. L’espace et sa force évocatrice s’animent sous nos yeux, produisent une émotion tout à la fois romanesque et très pertinente.
C’est également le cas pour Nicolas Philibert, qui s’immisce à l’hôpital Esquirol dans Averroès et Rosa Parks, en salles le 20 mars. En ouvrant le film par des prises de vue au drone sur l’imposant ensemble hospitalier, il dit à quel point l’espace sera aussi important que ceux qui l’occupent. Espace envisagé dans sa féerie noire, l’hôpital public devient comme une citadelle isolée où le temps se serait arrêté.
PRENDRE LE TEMPS
PRENDRE LE TEMPS
De temps, il est d’ailleurs beaucoup question dans ces trois films. « Pour moi, faire l’histoire de l’hôpital revient à faire l’histoire de la réduction du temps auprès des patients. Dans les années 1960 ou 1970, on lisait déjà des choses sur la course au temps, les horaires à rallonge, la déshumanisation de la prise en charge. Si le temps de travail s’est réduit dans l’idée d’améliorer les conditions de vie des soignants, cela n’a eu pour effet qu’une intensification du rythme », signale Fanny Vincent, qui a consacré une thèse au temps de travail à l’hôpital. On le voit bien dans Madame Hofmann, qui s’attarde sur le casse-tête logistique enduré par l’infirmière, Sylvie. Pendant le tournage, elle confie à Sébastien Lifshitz que les réformes hospitalières, particulièrement celles effectuées sous le mandat de Nicolas Sarkozy, « ont transformé l’hôpital en entreprise et sabordé radicalement la cohésion du personnel, épuisé à force de pression gestionnaire ». Comment prendre alors ce temps, reprendre celui qu’on a volé à l’hôpital ? Nicolas Philibert esquisse une réponse avec le magnifique Averroès et Rosa Parks, réponse à hauteur d’un cinéma lui aussi fondé sur la question du temps.
Et plus encore dans ce film très dense, à la suite d’entretiens entre patients et soignants de l’hôpital Esquirol. Le cinéaste ne triche pas et nous offre le dialogue sur un temps qui permet la rencontre ; entre ceux-ci et ceux-là, entre eux et nous. « Ce qui est beau dans la parole filmée, c’est tout ce qui disparaît lorsqu’on en fait la transcription écrite », précise-t-il malicieusement. Les voix qu’il enregistre patiemment sont d’habitude inaudibles, faute de temps pour écouter. À l’hôpital comme ailleurs : « Un silence de trois secondes à la télévision ou à la radio, c’est devenu insupportable », ironise Nicolas Philibert.
Et plus encore dans ce film très dense, à la suite d’entretiens entre patients et soignants de l’hôpital Esquirol. Le cinéaste ne triche pas et nous offre le dialogue sur un temps qui permet la rencontre ; entre ceux-ci et ceux-là, entre eux et nous. « Ce qui est beau dans la parole filmée, c’est tout ce qui disparaît lorsqu’on en fait la transcription écrite », précise-t-il malicieusement. Les voix qu’il enregistre patiemment sont d’habitude inaudibles, faute de temps pour écouter. À l’hôpital comme ailleurs : « Un silence de trois secondes à la télévision ou à la radio, c’est devenu insupportable », ironise Nicolas Philibert.
Car son film agit à rebours, donne à voir et à écouter tout ce que l’ordre néolibéral s’attelle depuis des décennies à invisibiliser. Surtout, il démontre à quel point l’écoute est déjà un important geste de soin. D’autant plus en psychiatrie, où la prise en charge est d’abord relationnelle. Et si plusieurs films investissent ce secteur-là, « ce n’est pas anodin », selon Fanny Vincent. « C’est sans doute le premier en souffrance de l’hôpital, le premier aujourd’hui affecté par la réduction du nombre de lits et les destructions d’emplois. C’est une catastrophe. »
Le turbulent État limite en documente les conséquences, à travers le cas très concret d’un psychiatre laissé seul avec des centaines de patients. Un « don Quichotte hospitalier », comme le décrit si bien Nicolas Peduzzi, bouleversé par l’aplomb de ce médecin au bord du burn-out. « À l’adolescence, j’aurais adoré pouvoir tomber sur un soignant comme Jamal, mais ceux que j’ai rencontrés étaient d’une froideur clinique. […] Ce n’est d’ailleurs pas la psychiatrie qui m’a sauvé, mais l’amitié ; les amis que j’ai rencontrés à 16 ans et qui m’ont accueilli sans me stigmatiser », confie-t-il avec émotion lorsqu’on lui parle d’écoute, d’attention accordée aux patients. Une démarche qui rejoint celle d’Averroès et Rosa Parks, dont le geste de cinéma prolonge le geste de soignants encore disposés à accueillir – et cueillir – les singularités.
RENOUVELER LA LUTTE
Au-delà d’une dénonciation nécessaire, ces films, à leur manière, agissent comme de lumineux révélateurs et valorisent des points de résistance. C’est l’ambition de Nicolas Philibert depuis Sur l’Adamant, qui s’intéressait à un centre de jour en psychiatrie établi sur une péniche. Un lieu « à la dimension soignante », dont l’architecture tient en elle-même d’un projet révolutionnaire : « Ce sont des foyers de résistance. S’il y a des films qui dénoncent, moi, je fais des films qui énoncent. J’ai besoin d’aller voir du côté de ceux qui essaient tant bien que mal de construire des choses. » D’une insatiable curiosité, le cinéaste sort, après Averroès et Rosa Parks le 20 mars, un second film le 17 avril : La Machine à écrire et autres sources de tracas. Il y suit une fine équipe de soignants à domicile, affiliée à l’Adamant et baptisée « l’Orchestre », qui dépanne les patients isolés.
À défaut de construire, ces infirmiers bricoleurs réparent leurs objets défaillants. Avec beaucoup d’espièglerie, Philibert établit un parallèle entre réparation des objets et réparation des âmes ; il s’agit d’accommoder un lieu de vie, d’y « faire la place » nécessaire au bien-être des personnes marginalisées. S’y inventent de nouveaux rapports entre patients et soignants, non plus fondés sur la subordination des uns aux autres. Les infirmiers n’ont pas de blouse ; ils sont accueillis par leurs patients comme on accueillerait un voisin, un ami venu prêter main forte. Et la joie traverse ces films de la dernière chance, où l’on n’a plus rien à perdre mais tout à gagner.
À défaut de construire, ces infirmiers bricoleurs réparent leurs objets défaillants. Avec beaucoup d’espièglerie, Philibert établit un parallèle entre réparation des objets et réparation des âmes ; il s’agit d’accommoder un lieu de vie, d’y « faire la place » nécessaire au bien-être des personnes marginalisées. S’y inventent de nouveaux rapports entre patients et soignants, non plus fondés sur la subordination des uns aux autres. Les infirmiers n’ont pas de blouse ; ils sont accueillis par leurs patients comme on accueillerait un voisin, un ami venu prêter main forte. Et la joie traverse ces films de la dernière chance, où l’on n’a plus rien à perdre mais tout à gagner.
On le voit dans Madame Hofmann, porté par l’humour caustique de l’infirmière Sylvie et sa mère, ancienne infirmière elle aussi. Le service oncologique où tourne Sébastien Lifshitz est d’une précieuse cohésion, à en croire Fanny Vincent : « Sylvie cultive une très bonne ambiance de travail, on sent qu’elle a conservé une relation forte avec son corps d’origine : soignante. C’est une cadre de l’ancienne génération, comme on n’en trouve plus. Les cadres actuels ne prennent plus le temps de discuter avec les patients, ils sont pris en sandwich entre impératifs administratifs et management des équipes. »
« Cette génération, qui était en phase avec le service public, avec l’engagement qu’il nécessitait, tout d’un coup quitte un hôpital qui a laissé dépérir cette utopie sociale et politique »
« Cette génération, qui était en phase avec le service public, avec l’engagement qu’il nécessitait, tout d’un coup quitte un hôpital qui a laissé dépérir cette utopie sociale et politique »
D’une grande mélancolie, le film donne à voir ce que s’apprête à perdre l’hôpital. Un crépuscule incarné par Sylvie Hofmann, qui « porte une histoire de nos corps », selon Lifshitz, prête à quitter le navire après quarante ans de bons et loyaux services. On y observe en effet son corps abîmé, violenté par tant d’abnégation au travail, soudain délesté d’un poids devenu trop lourd. À la joie de Sylvie s’ajoute l’inquiétude de ses collègues, de sa direction aussi : « Cette génération, qui était en phase avec le service public, avec l’engagement qu’il nécessitait, tout d’un coup quitte un hôpital qui a laissé dépérir cette utopie sociale et politique », précise le cinéaste. Après Sylvie, après Jamal, le déluge ? Si ces films illustrent des figures qui se battent au prix de leur chair, ils racontent à quel point la déchéance hospitalière résiste à tous les combats individuels, aussi héroïques soient-ils. Ils nous murmurent enfin que chaque bataille se mène collectivement, à force de conscientisation, des murs tagués de l’hôpital Beaujon à la méditative obscurité des salles de cinéma.
Averroès et Rosa Parks de Nicolas Philibert, Les Films du Losange (2 h 23), sortie le 20 mars
Madame Hofmann de Sébastien Lifshitz, Ad Vitam (1 h 44), sortie le 10 avril
La Machine à écrire et autres sources de tracas de Nicolas Philibert, Les Films du Losange (1 h 12), sortie le 17 avril
État limite de Nicolas Peduzzi, Les Alchimistes (1h 42), sortie le 20 février sur Arte et le 1er mai en salles
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Madame Hofmann de Sébastien Lifshitz, Ad Vitam (1 h 44), sortie le 10 avril
La Machine à écrire et autres sources de tracas de Nicolas Philibert, Les Films du Losange (1 h 12), sortie le 17 avril
État limite de Nicolas Peduzzi, Les Alchimistes (1h 42), sortie le 20 février sur Arte et le 1er mai en salles
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Mentions techniques
Type : Long-métrage
Genre(s) : Documentaire
Sous-genres : Documentaire
Thèmes : Médecine, Folie
Langue de tournage : Français
Origine : France
EOF : Oui
Nationalité : 100% français (France)
Année de production : 2023
Sortie en France : 20/03/2024
Durée : 2 h 23 min
Etat d'avancement : Sorti
Numéro de visa : 157.000
Visa délivré le : 19/02/2024
Agrément : Oui
Type de couleur(s) : Couleur
Cadre : 1.85
Format son : 5.1
Interdiction : Aucune
...
PRESS DOSSIER
Averroès and Rosa Parks: two units of the Esquirol Hospital, which -
like the Adamant - are part of the Paris Central Psychiatric Group.
From individual interviews to "carer-patient" meetings, the
filmmaker focuses on showing a form of psychiatry that continually
strives to make room for and rehabilitate the patients' words.
Little by little, each one eases open the door to their world.
Within an increasingly worn-out health system, how can the
forsaken be given a place among others?
NICOLAS PHILIBERT
BIRTH OF A TRIPTYCH
Before I began shooting On the Adamant, I had told myself
that this highly original day centre – built on water – was
a sort of autonomous little island, not necessarily closed in
on itself, but fairly self-sufficient, say. I of course knew that
the Adamant was part of a greater whole, the Paris Central
Group, that also includes two medical-psychological
centres, a mobile team and two care units, aptly named
Averroès and Rosa Parks, within the Esquirol Hospital –
formerly known as "The Charenton Asylum" – but it was
as if, afraid of spreading myself too thinly, I refused to see
how complementary and interdependent these different
structures were and how they formed, with the Adamant, a
network within which patients and carers were continually
urged to circulate, each one able to "build his or her own
cartography between the different points of reference at
their disposal". Subconsciously perhaps, I had needed to
detach the Adamant from its context as if to single it out
more clearly.
Once there, I quickly realized that this off-screen world had
to be given an existence, if only in an allusive manner, at the
risk of falsifying reality. Images are always misleading, you
Before I began shooting On the Adamant, I had told myself
that this highly original day centre – built on water – was
a sort of autonomous little island, not necessarily closed in
on itself, but fairly self-sufficient, say. I of course knew that
the Adamant was part of a greater whole, the Paris Central
Group, that also includes two medical-psychological
centres, a mobile team and two care units, aptly named
Averroès and Rosa Parks, within the Esquirol Hospital –
formerly known as "The Charenton Asylum" – but it was
as if, afraid of spreading myself too thinly, I refused to see
how complementary and interdependent these different
structures were and how they formed, with the Adamant, a
network within which patients and carers were continually
urged to circulate, each one able to "build his or her own
cartography between the different points of reference at
their disposal". Subconsciously perhaps, I had needed to
detach the Adamant from its context as if to single it out
more clearly.
Once there, I quickly realized that this off-screen world had
to be given an existence, if only in an allusive manner, at the
risk of falsifying reality. Images are always misleading, you
may say, and relating what we see is only ever
one reading among others, an interpretation,
but, even so, completely masking this plural
dimension would have been an aberration.
While the Adamant attracted attention, the
other structures, more classical, were no less
essential. The two medical-psychological
centres were snowed under with requests
and it took months to obtain an appointment.
At Esquirol, Averroès and Rosa Parks were
continually jam-packed. Moreover, several
"passengers" on the Adamant with whom I
had good contacts were staying there. I am
thinking notably of Olivier with whom I had shot
a sequence at the drawing workshop that had
overwhelmed me, or François, the man who
would open the film – once edited – by singing
La Bombe humaine. Tearing themselves away
from the hospital required them to make a
huge effort. Getting up, dressing, crossing the
grounds and going as far as the metro were
often insurmountable tasks.
One day, I decided to visit them there. The
Averroès and Rosa Parks units share a single
building around a tree-filled patio. Averroès is
on the ground floor and Rosa Parks upstairs.
Neon-lit corridors, doors fitted with portholes,
small single or twin rooms, a TV room on each
floor, a few rooms set aside for meetings,
mismatched chairs, a self-service restaurant.
On the diagonal of the patio, a welcoming
greenhouse where the Tuesday "carer-patients"
meetings, the Wednesday morning "bar" and
the few remaining workshops are held. That
day, Olivier was busy, but I spent two hours
talking to François. The perceptiveness with
which he related his experience of more than
thirty years in psychiatric care made a strong
impression on me.
I returned over the following weeks and met
other patients. Some seemed to be on the edge
of the abyss and avoided all contact. Others
were happy to have someone to talk to. Romain,
thirty or so, spent his days "watching the plants
grow and doing magic tricks." Great! He took a
pack of cards out of his pocket and did several
tricks for me that all failed miserably. He was
a little put out but ended up laughing about it.
Eva had been hospitalized "at the request of a
third party". This wasn't the first time. "I become
obsessed… When I grow fond of someone, I find
it hard letting go, and it turns into harassment."
Myriam did not want the others to hear her
story. We met in the TV room. As part of her
therapy, she had just unlocked a traumatic
experience repressed for forty years. Placed in
the care of her uncle and aunt at birth, she was
abused by her uncle until the age of five. If I
came back with the camera, she would testify:
"It will help me", she said. But she would leave
the hospital a few days later.
Each one of them seemed walled up in
abyssal solitude. From one visit to the next, I
noticed new faces. Absentees too. The rotation
was unending. Some weeks, the shortage of
beds was such that admitting a new patient
meant that another had to leave. But which
one? A headache. I met the nurses, the health
auxiliaries, the psychiatrists, the psychologists,
the social workers, the administrative staff.
Many of the nurses and health auxiliaries were
temporary hires. Everyone was under pressure.
I cautiously expressed my wish to come and
shoot "a few extra shots" that would help to
create the link between the Adamant and the
hospital. The idea was greeted warmly. Nearly
everyone knew about the filming taking place
at the day centre and they had clearly heard
good things about it. I was invited to attend
a meeting. Then the morning staff briefing.
Then the Tuesday "carer-patient" meetings.
Occasionally stormy, always colourful, it was
not unusual to see a patient rebel, hurl abuse
at the medical team, start railing against
psychiatry, medication, living conditions in
the hospital, the French Republic, the Vatican,
the food, the coffee… Extra shots? Deep
down, I felt I'd moved beyond that. The idea
of a second film went through my mind. In it,
I wished to focus on the consultations, those
individual interviews between patients and
carers. An approach that I had left to one side
on the Adamant. It's true that one-on-one
interviews are less frequent there.
Yet, at the same time, a third film had already
begun to take shape. A few days earlier, I had
had the opportunity to accompany and film
two eminent members of the Band at the home
of Patrice after the latter's typewriter had
begun to play up. The Band is a small group
of carers who are skilled with their hands and
who, not content with restoring souls on the
Adamant, occasionally go to patients' homes
to do odd jobs: fixing a bookshelf, unblocking
a washbasin, mending a plug, assembling a
piece of furniture, etc. Patrice is an emblematic
figure at the day centre. Winter or summer,
this seventy-year-old man arrives every
morning as soon as the place opens, goes to
sit at "his" table, drinks a coffee and, without
any further ado, begins writing a poem in
alexandrines. When he gets home, he settles
down at his typewriter and transcribes the
day's poem. This highly regulated ritual seems
to be what has kept him going for years. With
his typewriter suddenly on the blink, he was
in a terrible state. Walid and Goulven offered
to stop by, without any guarantee of success.
Both in their thirties, they had never seen a
typewriter before… except in movies. They
got to work. I filmed and recorded a beautiful
scene.
This initial shift led to others. The members
of the Band were called on regularly and other
home visits awaited them. Why not keep
following them? Restoring souls, repairing
objects. A third film? Of course, this meant
seeking additional funding, but for the rest,
if I got organized… I began to believe in it.
The three films would form a whole while
remaining independent of each other: one
could be seen without the other two. Three
films within the same psychiatric department,
each one of which would raise the curtain
on a specific aspect of this psychiatric care
that, despite the surrounding devastation, still
strives to give priority to human relations. Each
film would introduce new faces and reunite us
with others.
INTERVIEW WITH NICOLAS PHILIBERT
This film is the second
part of what will
eventually be a triptych. How does it
connect with On the Adamant?
At Averroès & Rosa Parks is an extension
of the first film. It's a little as if, after having
filmed the stage, this time I was showing
the wings and basement. The atmosphere
at the hospital is clearly not the same, the
place is much starker and the patients who
have ended up there are going through
a period when they are more vulnerable,
shakier. This is clear in the tone of the film,
but it's the same psychiatric care, or rather
what remains of it: a form of psychiatry that
still strives to take into consideration people's
words when the whole system, increasingly
taken over by neurosciences, protocols,
experts and evaluation scales, tends to crush
that by banking on medication and nothing
else. Today, hospitals are in the hands of
managers, everyone knows that. They have
to increase turnover, reduce the number of
beds, shorten as far as possible the length of
hospitalization and cut jobs… even though
many professionals are
leaving of their own accord,
unable to find meaning in what they do
anymore. The film refers to this situation at
several points: a young patient mentions it,
the question arises in a meeting; it is there, in
the background, but that doesn't necessarily
make this what you could call a "militant" film.
Or if there is a militant side, it is working in
favour of a certain dignity.
Bringing a camera into a psychiatric
hospital is far from commonplace. How
did you go about it?
I was not starting from nothing. As my filming
on the Adamant had gone well, I benefited
from a favourable opinion. The carers had
heard good things from their colleagues who
move between the two settings and from the
patients who frequented it. Some of them
knew my films, notably Every Little Thing, the
film that I shot at the La Borde clinic in 1995.
I began by filming a little at "the bar", the
library and the newspaper workshop, three
appointments that mark out the week. I
already knew most of the carers organizing
them as nearly all of them work on the
Adamant. There's not a lot of those sequences
left, but they helped me to launch the shoot.
Some patients agreed to be filmed, while
others didn't. There was nothing surprising
about that. One man occasionally burst into
the frame making totally surreal comments.
He insisted that I film him, he would soon be
famous, no doubt about it, he'd show us! It
was tricky. How could I avoid upsetting him?
The majority of the film is based on
interviews. What led you to make that
choice?
That was my idea from the beginning. The
interviews and, in second place, the "carerpatient" meetings. I wanted the film to be a
host of interrogations. I wanted to open it up
to the speech of the patients, their words,
their suffering, snatches of their story, to what
afflicts, assails, encloses, agitates or terrifies
them. This porosity that exposes them to the
violence of the world, that strikes them with
its full force. The lucidity and acuteness with
face-to-face set-up clearly shows who is
who. The therapeutic goal is instantly legible
whereas it could seem less focused on "the
boat", at least for someone outside this world.
The interviews that I filmed present a great
deal of diversity. I played a lot in editing on
the film's construction and rhythm. Linear at
times, disjointed, uneven and zigzagging at
others, they do not all advance at the same
pace, nor do they have the same duration or
the same tone. Some are fluid while others
go nowhere. The personality of the patients
and the diversity of the situations that they
are going through clearly have an important
role to play, just like the way in which the
carers interpret what they say, each with
his or her own style, references, occasional
which they talk about their inner world. The
insatiable quest for meaning that torments
them. Their hopes, their potentialities, and
their humour at times.
If mental sickness is a pathology of
connection, filming interviews seemed to me
to be a good way to show how the carers try
to accompany those who suffer from them
and to forge with them the support structures
that will help them to get back on their feet,
make a new start, forge a connection with
the world if not with themselves and reinsert
themselves within the social fabric. It would
show how accepting each one's specific
words is a painstaking task, always on the
edge, very hard to refine.
In On the Adamant, the carers were just
as present, but that presence was more
discreet. They were all the more so because
the film did not designate them as such in an
explicit manner. A certain haziness remained,
rich in meaning. As the distinction between
carers and patients was not underlined, the
audience was obliged to rid itself of certain
clichés. Here, the situation is different. The
face-to-face set-up clearly shows who is
who. The therapeutic goal is instantly legible
whereas it could seem less focused on "the
boat", at least for someone outside this world.
The interviews that I filmed present a great
deal of diversity. I played a lot in editing on
the film's construction and rhythm. Linear at
times, disjointed, uneven and zigzagging at
others, they do not all advance at the same
pace, nor do they have the same duration or
the same tone. Some are fluid while others
go nowhere. The personality of the patients
and the diversity of the situations that they
are going through clearly have an important
role to play, just like the way in which the
carers interpret what they say, each with
his or her own style, references, occasional
automatisms, way of being with them, of
letting the words come and of orienting the
conversation or not.
How was this idea of filming the
interviews received?
Nearly all the psychiatrists were for it, as
long as each patient was too, of course. We
talked about it ahead of filming and I relied
on their opinion. With some patients, it was
maybe not the right time. We would see later.
With others, yes, why not? On a practical
level, it was often a little acrobatic. The
psychiatrists were run off their feet. And then,
all of a sudden, they were free for a moment.
But the patient had to be free too, or at least
feel up to it and we needed to find a room
to film the interview, as the psychiatrists do
not have individual offices. We barely had the
time to set up. There were three of us. Two
cameras, a mic on a stand, another at the end
of the boom and we were ready to go.
Where the patients were concerned, there
were some refusals, but fairly few in the end.
The people that I approached were those
with whom I had an exchange, a minimum
of complicity. I didn't offer to film those who
seemed to me to be going through extremely
intense situations, whose words were
incoherent, or indeed unintelligible, often
transformed by medication. It would have
meant filming them without their knowing
it. And to their detriment. Filming someone
always means enclosing them, freezing them
in time and space. Imprisoning them. You
must therefore strive to avoid doing any harm.
I wanted them to be in a position to accept the
situation "in all conscience". But that notion
itself is a little vague. When someone is raving,
having hallucinations, or is haunted by voices
for example, that is not necessarily visible. Do
we always know what is going on in our minds?
Even with the best intentions, we never know
what the camera might do to people.
The film does not specify the professional
status of the carers conducting these
interviews.
That's true, but I couldn't imagine myself
putting their names and professions on the
screen, like on TV. In that case, why not put the
patients' names too? Everyone who appears
in the film is named in the credits, but that is
not the same. To answer your question, three
of them are psychiatrists. A fourth, in training
when I was filming, has become one since.
The young female carer was doing a medical
internship at the centre . Finally, the woman
who appears in tandem at two points – first
with one psychiatrist and then with another –
is a social worker.
Usually, a nurse, male or female, takes part
in these interviews alongside the doctors,
but we had to give up on that as it was so
complicated to get everyone together at the
same time. In addition, other professionals
like psychologists do their own interviews but
I couldn't increase the number of protagonists
as there are already so many. Everyone knows
that a film is not exhaustive.
You also film meetings...
Yes, I was especially keen on filming the
Tuesday "carer-patient" meetings that allow
for all subjects to be tackled freely without
a prior agenda. Their slightly anarchistic
aspect would break up and jostle the ritual
of the interviews and the editing itself. These
scenes testify to the daily life of the hospital,
of the climate that can reign there, of the
desire that the team of carers has to share
time thinking with the patients, but these are
only brief moments. From one week to the
next, these meetings are very different. The
greenhouse, with its plants, its armchairs and
its bookshelves, is the lung of the two units.
In this film, you don't adopt exactly the
same position as on the Adamant. You
stand a little further back.
Yes, that's true. In On the Adamant, the
patients spoke to me a lot whereas here, apart
from one interview, they speak to the carers.
Even so, I'm not absent. The numerous looks
at the camera testify to my presence and
even, here and there, to a certain complicity.
Let me return to the idea of speaking and
listening. In your films, whatever world
they tackle, this dimension is extremely
present and you show it in many ways
My own relationship to language is far
from simple. My way of speaking has never
been very fluid. I occasionally begin to speak
and, all of a sudden, the words don't emerge.
I don't know if there's a connection, but I
have always liked filming speech, which
is perhaps in my eyes the most precious
thing we have. Yet I have the feeling that it
is increasingly devalued. This is not only
true in the psychiatric world. In the field of
documentary cinema, filming speech is not
very "trendy'. We are living in a strange world,
where we are all "connected", where we have
never communicated so much… and spoken
so little together.
Filming speech means filming faces,
looks, expressions, gestures, silences,
laughs, hesitations, shortcuts, associations,
extrapolations, ways of occupying space and
opening up new ones. It means bringing to
the fore everything that colours or sharpens
ideas. It means filming that share of fiction
inherent in every tale, since speaking is not
only relating the real world, it is also and
always a way of reshaping it and reinventing
it. Relating something that never happened
is what allows it to exist. Speech is the realm
of fiction.
After Every Little Thing and On the
Adamant, this film is your third in the
world of psychiatric care, and there will
shortly be a fourth one . What incites you
to return to it?
Psychiatry is a magnifying glass, an
enlarging mirror that says a great deal both
about the human soul and the state of a
society. You meet all kinds of people who
have suffered, fragile and sensitive beings
who move through life as if walking a high
wire. In talking to them, they can force us to
face home truths, drive us into a corner, or
lead us into lands where we never thought
we'd set foot. It took me time to admit it to
myself, but if these people touch me so much,
it's because they force me to face myself and
my own vulnerabilities.
■
PARIS, JANUARY 2024
1 The Typewriter and Other Headaches, French release
planned for April 2024.
CREW
Nicolas Philibert
Pauline Pénichout
Katell Djian
Erik Ménard
Emmanuel Fraisse
Nicolas Philibert
Janusz Baranek
Sarah Murcia and Magic Malik
based on The Ode to Joy (Ludwig Van Beethoven)
Lucile Demarquet
Emmanuel Croset
Christophe Bousquet
Delphine Passant
Miléna Poylo
& Gilles Sacuto, Céline Loiseau
Clément Reffo, Coline Perraudin, Joseph Sacuto
TS Productions
France Télévisions
Les Films du Losange
Universciné
Région Île-de-France
CNC
Ciné+
Centre national du cinéma et de l’image animée
Les Films du Losange
the patients and carers of the
Averroès and Rosa Parks intra-hospital units,
Esquirol Hospital, Charenton-le-Pont.
Image
assisted by
and occasionally by
Sound
Drone shots
Editing
assisted by
Closing credits music
Sound editing
Mix
Colour grading
Post-production supervisor
Producers
Assisted by
Produced by
With the participation of
With the support of
In partnership with the
With the support of
French distribution
& international sales
With
T
NICOLAS PHILIBERT
• LA MACHINE À ÉCRIRE ET AUTRES SOURCES DE TRACAS
(THE TYPEWRITER AND OTHER HEADACHES) (2024, coming soon)
• AVERROÈS & ROSA PARKS (AT AVERROES & ROSA PARKS) (2024)
• SUR L’ADAMANT (ON THE ADAMANT) (2023)
• DE CHAQUE INSTANT (EACH AND EVERY MOMENT) (2018)
• LA MAISON DE LA RADIO (2013)
• NÉNETTE (2010)
• RETOUR EN NORMANDIE (2007)
• NIGHT FALLS ON THE MENAGERIE (short film, 2010)
• RETOUR EN NORMANDIE (BACK TO NORMANDY) (2007)
• L’INVISIBLE (THE INVISIBLE) (2002)
• ÊTRE ET AVOIR (TO BE AND TO HAVE) (2002)
• QUI SAIT ? (WHO KNOWS?) (1999)
• LA MOINDRE DES CHOSES (EVERY LITTLE THING) (1997)
• UN ANIMAL, DES ANIMAUX (ANIMALS) (1995)
• LE PAYS DES SOURDS (IN THE LAND OF THE DEAF) (1993)
• LA VILLE LOUVRE (LOUVRE CITY) (1990)
• LE COMEBACK DE BAQUET (BAQUET'S COMEBACK) (short film, 1988)
• VAS-Y LAPÉBIE ! (GO FOR IT LAPÉBIE!) (short film, 1988)
• TRILOGIE POUR UN HOMME SEUL (TRILOGY FOR ONE MAN) (short film, 1987)
• CHRISTOPHE (short film, 1985)
• PATRONS/TÉLÉVISION (BOSSES/TELEVISION) (1979)
et LA VOIX DE SON MAÎTRE (HIS MASTER'S VOICE)(1978) co-directed with Gérard Mordillat
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