Saturday, March 23, 2024

Chlopi / The Peasants


DK Welchman & Hugh Welchman: Chlopi / The Peasants (PL 2023). An oil-painted animation via rotoscope. The wedding dance: Kamila Urzedowska as Jagda.

La jeune fille et les paysans / The Peasants - talonpoikia / The Peasants (Swedish title)
    Poland, Serbia, Lithuania | 2023 | 114 min | Polish
Oil-painted animation
Drame
De DK Welchman, Hugh Welchman
Avec Kamila Urzedowska, Robert Gulaczyk, Julia Wieniawa-Narkiewicz
    UGC Synopsis: "Au XIXe siècle, dans un village polonais en ébullition, la jeune Jagna, promise à un riche propriétaire terrien, se révolte. Elle prend son destin en main, rejette les traditions et bouleverse l’ordre établi. Commencent alors les saisons de la colère…"
    Festival premiere  8 Sep 2023 Toronto
    Sortie le  20 mars 2024, Distr The Jokers
    Finnish premiere 30 Aug 2024, Future Film
    Viewed at UGC Ciné Cité Bercy, Salle 20, 2, cour Saint Emilion, 75012 Paris, Metro Saint Emilion, 23 March 2024.
    There are 18 screens in this multiplex. "Salle 20" is the first screen on the second floor.

Toronto 2023: "From the directors of Loving Vincent, The Peasants is a cinematic pageant about a 19th-century Polish village where a beautiful maiden marries a widowed landowner while nursing a burning love for his son. "

"Yearning for a world beyond the fertile yet arduous one known to her, a maiden resides with her mother in the picturesque Polish countryside of the 19th century, where the homespun traditions of peasantry date back to antiquity. Full of ornamental song and rapturous dance, and meticulously painted frame after frame, The Peasants, from DK and Hugh Welchman, is a comic, tragic, and reflective tableau resembling an ancient epic."

"Told through seasons that honour the cyclical rituals of ploughing, plantation, and harvest, this adaptation of Władysław Reymont’s Nobel Prize–winning novel of the same title (written in four volumes between 1904 and 1909 and translated into 27 languages) recounts the tale of a charming and voluptuous woman named Jagna (Kamila Urzedowska) hungering for love and lacking in cunning. Her home of Lipce, a God-fearing village, is full of characters, including a lecherous mayor, a snooty church organist, and a razor-tongued gossip, and hundreds of storks that, according to lore, foretell the arrival of new life. Here, Jagna creates havoc by marrying a wealthy widower named Boryna (Mirosław Baka), whose children and their families — including the apple of her eye, his brawny son, Antek (Robert Gulaczyk) — work the land and expect inheritance. Jagna’s fate is all but sealed when she breaks one of the few societal taboos. Naturalistic in the best of times and brutal in the worst, The Peasants is a love song to the memories of our ancestors and to timeless matters of the heart." DOROTA LECH

AA: I have not yet seen the acclaimed Loving Vincent (PL/GB 2017), the previous feature film of Dorota Kobiela and Hugh Welchman, reportedly the first feature animation in which each frame (in this case, 65.000 of them) is an oil painting on canvas.

So I was thrilled to see The Peasants. I have seen oil painted animations before, but never in feature length. It is a fascinating experience, and a haunting one. I can not immediately make up my mind just what exactly I have seen.

Władysław Reymont is a well-known author also in my country, but I have not yet read his novels, although The Peasants has been published in Finnish in two editions (first in four volumes, then in a single edition), and also The Promised Land has been translated. The Promised Land I know in Andrzej Wajda's violent and furious film adaptation.

I'm impressed by the feeling for nature, the structure of the four seasons, the customs and festivities of the village life and the enchanting crane motif. Crane is a soul bird. I hear Dmitri Hvorostovsky singing "Zhuravli" ("The Cranes").

Kamela Urzedowska carries the film brilliantly as the irrepressible, life-affirming Jagna. She is forced into an arranged marriage, from which all hell breaks loose. 

There is much viciousness and brutality in the village, camouflaged in religious piety. I had a hard time relating to the rest of the cast.

I have a problem with rotoscoping. I love animation and its wild freedom. I have no problem with rotoscoped passages, but in a feature-length rotoscoped story the device feels like a special effect. To make up my mind I need to see Loving Vincent.

BEYOND THE JUMP BREAK: MATERIAL FROM THE DOSSIER DE PRESSE:
BEYOND THE JUMP BREAK: MATERIAL FROM THE DOSSIER DE PRESSE:

THE JOKERS FILMS

Official Selection, 2023 Toronto International Film Festival

Avec Kamila Urzedowska, Robert Gulaczyk et Miroslaw Baka
Par les réalisateurs de La Passion Van Gogh, LA JEUNE FILLE ET LES PAYSANS est une œuvre cinématographique unique, adaptée du Prix Nobel de littérature Les Paysans.

Au XIXe siècle, dans un village polonais en ébullition, la jeune Jagna, promise à un riche propriétaire terrien, se révolte. Elle prend son destin en main, rejette les traditions et bouleverse l’ordre établi. Commencent alors les saisons de la colère…

DOSSIER DE PRESSE

POLOGNE  1:85  5.1  1H54

SYNOPSIS

Par les réalisateurs de La Passion Van Gogh, LA JEUNE FILLE ET LES PAYSANS est
une œuvre cinématographique unique, adaptée du Prix Nobel de littérature Les Paysans.
Au XIXe siècle, dans un village polonais en ébullition, la jeune Jagna,
promise à un riche propriétaire terrien, se révolte.
Elle prend son destin en main, rejette les traditions et bouleverse l’ordre
établi. Commencent alors les saisons de la colère…

NOTE D'INTENTION

La première fois que j’ai lu Les Paysans, j’avais 17 ans, parce que c’est un roman qui
est au programme dans tous les lycées de Pologne. Ce n’est que des années plus tard
que je m’y suis replongée. J’ai écouté le livre audio pendant que je peignais un plan
de mon fi lm précédent, La Passion Van Gogh. En redécouvrant ce texte à l’âge adulte,
je l’ai perçu de façon complètement différente. Ce qui m’a le plus frappée, en tant
qu’animatrice et réalisatrice, ce sont tous ces éléments qui m’étaient passés par-dessus
la tête à l’adolescence. Les descriptions d’une année de vie dans une communauté
rurale et le tour de force que ça représente. La maîtrise poétique des descriptions
de la nature, les diffi cultés des personnages qu’ils affrontent avec courage et fi erté,
entrelacées de moments de tendresse dépeints avec beaucoup de sensibilité et de
tragédies personnelles poignantes.

Tout à coup, j’ai compris comment je pouvais rendre hommage ce que Reymont avait
créé avec tant d’empathie et d’amour, comment je pouvais rendre ces descriptions
si détaillées, cet amour de la vie, de la nature, de la terre et de la nature humaine :
j’allais faire un long-métrage grâce à notre technique d’animation peinte.

J’étais ravie à l’idée d’adapter le roman comme ça. Cela nous permettrait à la fois
de raconter l’histoire, et de conserver la poésie et les nuances des descriptions de
la nature qui sont si importantes dans le roman et font partie intégrante de l’œuvre.
Tourner d’abord avec des acteurs, puis peindre chaque image en post-production permettrait
à ces deux aspects – une histoire dramatique forte et des visions picturales de la nature
– de cohabiter harmonieusement.

Après avoir passé plusieurs années à travailler sur un fi lm sur Vincent Van Gogh, j’avais
vraiment besoin de raconter une histoire sur les femmes, de montrer leurs diffi cultés,
leur passion, et leur force aussi. Jagna et Hanka sont deux personnages majeurs de la
littérature polonaise.

Chacune représente des valeurs différentes mais ce qui les rapproche, ce sont les
diffi cultés qu’elles rencontrent dans une société majoritairement défi nie par les hommes.
Leur genre impacte négativement leur statut social. C’est aussi la source de nombre
de leurs problèmes dans le village de Lipce. Il y a un réalisme incroyable dans le
portrait que fait Reymont de ses personnages. Il a une profonde compréhension, une
admiration, une compassion pour ces gens, il ne se défi le jamais face à leurs défauts
ou leurs faiblesses. Jagna symbolise la foi qu’on peut avoir en la liberté de l’individu
mais aussi le rejet tragique dont une personne comme elle peut faire l’objet dans une
petite communauté.

Les Paysans de Reymont se démarque des autres romans réalistes en ça qu’il n’évoque
pas seulement les diffi cultés de la vie paysanne, il va bien au-delà. Au fi l des quatre
saisons qui rythment le récit, de nombreuses tragédies se font jour à la fois pour les
personnages en tant qu’individus et pour le village tout entier. Les paysans défendent
leurs droits avec passion. Même s’ils luttent de façon désordonnée et se retrouvent
souvent du côté des perdants, ils essaient toujours de défendre leur liberté et leur droit à
être maîtres de leur destinée.

Cependant, Reymont est loin d’idéaliser les paysans polonais. Il montre qu’ils peuvent
être avides, orgueilleux, mesquins, jaloux et intolérants. Du point de vue historique, ces
traits de caractère ont souvent déterminé le destin de notre nation.

A mes yeux, il s’agit d’un immense roman qui mérite une adaptation innovante
et originale. Il mérite d’être redécouvert non seulement en Pologne mais aussi dans
le monde entier, et d’être connu pour ce qu’il est : un des grands chefs-d’œuvre de
la prose européenne. Ça n’a pas été facile, bien entendu, surtout au niveau du
scénario, puisqu’il a fallu condenser 1 000 pages de prose en un fi lm de 100 minutes.
Il a fallu couper des choses importantes tout en essayant de rester fi dèle au roman.
J’ai tenté d’introduire des méthodes de narration modernes dans la structure et de
les associer non seulement au rythme des saisons, comme dans le roman, mais aussi
aux personnages et à l’impact qu’ils ont les uns sur les autres. Je voulais montrer leur
synergie et les destins entremêlés, la sensualité, la sexualité, la brutalité de leur monde,
qui contraste si fortement avec la majesté et la beauté de la nature.

NOTE DE PRODUCTION

Bien que La Jeune Fille et les Paysans utilise la même technique picturale que notre
fi lm précédent, La Passion Van Gogh, notre approche de l’animation peinte a été très
différente cette fois. Au cœur du fi lm, Il y a le récit passionné de Wladyslaw Reymont.
La peinture n’est qu’un outil pour inciter les spectateurs à s’immerger dans l’univers de
la campagne polonaise du 19e siècle. Par conséquent, il n’était pas question de montrer
autant de tableaux que possible mais plutôt de s’inspirer de certains artistes pour créer
une ambiance et une atmosphère particulières.

Les plus de 100 animateurs-peintres qui ont travaillé sur le fi lm l’ont fait sur des unités
PAWS (Painting Animation Work Stations, postes de travail d’animation peinte),
conçues à cet effet, que Breakthru a développées pour La Passion Van Gogh, installées
dans quatre studios en Pologne, Serbie, Lituanie et Ukraine.

Même s’il s’agit d’un fi lm d’animation, tous les personnages sont joués par des acteurs.
Les comédiens ont tourné soit dans des décors spécialement conçus pour ressembler
à des lieux réels, soit devant un écran vert. On a ensuite utilisé des matte paintings en
post-production, ainsi que des images générées par ordinateur. En ce qui concerne
l’organisation de l’espace, nous avons créé un décor du village de Lipce dans le
moteur Unreal de manière à ce que les acteurs aient des points de repère lorsqu’ils
jouaient devant une panoplie d’écrans verts. Les prises de vue réelles ont été tournées
majoritairement à Transcolor, à Varsovie et quelques scènes ont été fi lmés en décors
naturels. A la technique, nous avons fait appel à des directeurs de la photographie
expérimentés : Radosław Ladczuk (Nightingale, Mister Babadook, La Chambre des
suicidés), Kamil Polak (The Lost Town of Switez), et Szymon Kuriata. Ce sont ces images
en prises de vue réelles qui ont servi de référence aux animateurs-peintres.

Les animateurs-peintres ont ensuite reproduit le style (technique, couleurs, degré de
détail) des tableaux de maître choisis en référence pour peindre la première image de
chaque plan sur une toile de 67x49 cm. Puis, ils ont animé chaque plan en peignant les
parties en mouvement de l’image-clé suivante, toujours dans le même style. 

Et ainsi de suite jusqu’à la dernière image du plan. Chaque peinture a été photographiée
avec un appareil photo numérique Canon 6D à une résolution de 6K.

Les images-clés peintes sur toile par les animateurs ont ensuite été envoyées aux
intervallistes qui, toujours en respectant le style et la technique choisis, ont peint les
images intermédiaires avec des outils numériques. Le nombre de peintures sur toile
réalisées pour chaque plan varie, entre un toutes les images et un toutes les quatre
images à 12 images/seconde.

Lors de la production de La Jeune Fille et les Paysans, nous avons dû faire face à une
pandémie, à la guerre en Ukraine - où 30% de nos animateurs étaient censés travailler,
et à une infl ation galopante qui a atteint 25% à son pic. Bien entendu, tous ces éléments
ont eu un impact sur le budget du fi lm ainsi que sur le planning de production. Les images
en prises de vue réelles ont été tournées au début de l’automne 2020, lors d’une accalmie
dans la pandémie de COVID-19 mais sous des conditions sanitaires extrêmement strictes
qui ont allongé la durée du tournage. Nous avons également dû reporter le tournage
de certaines scènes de foule, comme la Bataille de la Forêt, d’une année entière.

Le COVID a également entravé le recrutement des peintres pour le fi lm. Dans l’incertitude
générale, les artistes étaient peu enclins à quitter une situation confortable et sûre pour
partir travailler ailleurs. La guerre en Ukraine nous a ensuite obligés à fermer notre
studio pendant 6 mois. Et même si nous avons pu évacuer la plupart de notre peintres
femmes jusqu’à notre studio en Pologne, la productivité en a été affectée. Lorsque les
combats se sont éloignés de la capitale, nous avons rouvert le studio ukrainien pour les
hommes, qui n’étaient pas autorisés à quitter le pays. Le bombardement d’infrastructures
importantes a commencé peu après, entraînant de fréquentes coupures d’électricité.
Et puis est arrivée l’infl ation, et l’augmentation des coûts de location de studio et de
main-d’œuvre.

Nous avons eu la chance de trouver des personnes et des institutions sans qui ce fi lm
n’aurait jamais pu se faire, tout particulièrement l’Institut du fi lm polonais, le Centre
national polonais de la Culture et la Fondation nationale polonaise, à qui nous
exprimons notre profonde gratitude.

ENTRETIEN AVEC DK WELCHMAN ET HUGH WELCHMAN

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’adapter ce roman de Władysław Reymont, qui est peu connu en dehors de la Pologne ?

HW : Pendant le tournage de La Passion Van Gogh, DK a eu envie de m’initier à la
culture polonaise. Elle m’a acheté plusieurs romans connus, parmi lesquels Les Paysans.
C’était de loin le plus long et on était très occupés à ce moment-là, alors je ne l’ai pas lu
tout de suite. Quand j’ai enfi n pu prendre un peu de vacances, après les Oscars, je me
suis dit que c’était le moment ou jamais. Je l’ai dévoré, quatre fois, puisqu’il s’agissait de
la traduction de 1924 en quatre tomes.

J’ai très vite vu que c’était un chef-d’œuvre. Dans la lignée de Charles Dickens, Thomas
Hardy, Emile Zola. Les paysans ont été les piliers de la société européenne pendant
plus de mille ans, jusqu’à la Révolution industrielle, et au-delà. J’ai eu très envie de
faire découvrir ce magnifi que livre au public non-polonais. Il le mérite amplement.
C’est pour cette raison que nous avons travaillé sur une nouvelle traduction en anglais
avec Penguin Classics, dans l’espoir de donner envie aux gens de lire aussi le roman.

DKW : J’ai écouté le livre audio du roman pendant que je peignais mon unique plan de
La Passion Van Gogh. Je crois que j’ai été frappée par la beauté des descriptions que fait
Reymont du village, des saisons et de la nature environnante. J’ai trouvé les personnages
attachants, même drôles, bien plus que lors de ma première lecture, quand j’avais 17 ans.
C’est un roman qui nécessite de la patience et un peu d’expérience de la vie.

Cette fois, l’histoire est vraiment centrée sur Jagna. Vous lui rendez enfi n
justice, on dirait.

DKW : C’était la raison principale qui m’a poussée à raconter cette histoire.
C’est un superbe roman, truffé de descriptions à couper le souffl e, mais ce qui m’attirait
réellement dans l’idée de l’adapter, c’était Jagna. En tant que femme, j’ai moi aussi
été injustement montrée du doigt de nombreuses fois dans ma vie. Je me reconnaissais
vraiment en elle, ce qu’elle traversait me touchait. Au départ, on l’envie, elle est
incomprise, puis, on la maltraite, on l’humilie et fi nalement, on la met à l’écart, tout ça
parce qu’elle est jolie, rêveuse, artiste, qu’elle vit les choses avec passion, mais surtout
parce qu’elle remet en question le patriarcat qui est soutenu par l’Église. C’était comme
si elle m’appelait à elle. Le fi lm est ma réponse à cet appel.

Votre version de l’histoire est bien plus féministe que le roman de Reymont.
C’était votre intention dès le départ ?

HW : Dans le roman, on sent que la vie de villageoise moyenne ne lui suffi t pas.
C’est cette idée-là que nous voulions développer. Nous voulions montrer que la vie de
toutes les femmes est déterminée par leur place dans la hiérarchie sociale, et aborder
ça de façon moderne.

Jagna est le personnage le plus marquant du roman, mais ce dernier raconte l’histoire de
toute une communauté. Nous, nous voulions vraiment centrer notre récit sur sa volonté
de vivre à sa manière. Elle ne se soucie pas des choses matérielles, contrairement à tous
ceux qui l’entourent, qui ne pensent qu’à posséder des terres et des biens. Son amant,
Antek, l’anti-héros, est lamentable. Il est odieux avec sa femme, il fait passer son orgueil
avant les besoins de ses enfants. Pourtant, le village le comprend et l’accepte tel qu’il est.
Jagna, elle, ne trouve pas sa place.

Le fait qu’elle soit aussi la plus jolie fi lle du village ne joue pas en sa faveur. Elle se
démarque. Par son comportement également, puisqu’elle refuse de céder, de s’effacer.
Alors, tout le monde se retourne contre elle. C’est une chose qui se produit encore trop
souvent, y compris dans le monde moderne. Il y a encore de grosses différences de
traitement entre les hommes et les femmes, et en particulier les jeunes femmes qui se
cherchent encore.

Comment s’est passé le casting ? Quelles caractéristiques recherchiez-vous ? Il y a quelque chose de très contemporain dans la prestation de Kamila.

HW : On cherchait quelqu’un avec un côté rêveur, un peu fugace, et une sensibilité
artistique. Mais aussi quelqu’un d’une beauté saisissante. Nous ne nous sommes pas
contentés de regarder du côté des actrices polonaises établies, nous avons aussi
organisé des auditions dans des écoles d’art dramatique, ou de cinéma. Nous avons vu
beaucoup de gens qui n’avaient aucune expérience.

Les gens ont une image préconçue de Kamila, à cause de sa beauté. Ils veulent trop
souvent la mettre dans une case, ils sont jaloux et possessifs. Elle doit se battre pour
se défi nir comme elle l’entend. Elle fait une formidable Jagna moderne parce qu’elle
comprend ce que vit le personnage, dans le contexte actuel.

DKW : Vous qualifi ez sa prestation de contemporaine, mais la réalité, c’est le monde qui n’a
pas tant changé que ça. Il y a toujours des femmes comme Jagna un peu partout, confrontées
à des problèmes similaires dans un monde où les différences de traitement entre hommes et
femmes existent toujours bel et bien. Surtout lorsqu’il est question de sexualité.

Internet et les réseaux sociaux ont créé tout un tas de nouveaux moyens de harceler,
humilier, tyranniser, traquer les jeunes femmes. Nous avons trouvé que son histoire était
toujours d’actualité et c’est le message que nous avons voulu faire passer auprès du public.
Notre intention n’a jamais été de faire un documentaire sur la vie dans la campagne
polonaise au 19e siècle. Nous voulions avant tout retranscrire les émotions, la tension
dramatique du roman de Reymont pour un public contemporain.

Avez-vous hésité à retranscrire la violence et la sexualité du roman à l’écran ?
Vous n’avez pas eu peur que ce soit un peu trop brutal ?

DKW : Nous avons dû réfl échir soigneusement à la façon dont nous allions les montrer.
Dans le roman, la violence physique fait partie de la vie quotidienne. Tout le monde ne
cautionne pas la violence domestique, mais elle est acceptée. Nous, nous avons décidé
de ne montrer que la violence qui était nécessaire à l’histoire. Quant à la sexualité, nous
avons un carré amoureux au centre de l’histoire. L’histoire elle-même a pour moteurs la
passion, la jalousie, la rage. 

Alors, le sexe devait être représenté. Mais on voulait que le fi lm reste accessible à des
adolescents. Alors, nous avons fait attention à montrer les choses de manière à obtenir
toutes les certifi cations nécessaires.

HW : Le roman est beaucoup plus violent que notre fi lm parce qu’il fait quasiment 1000
pages, il y a un peu plus de tout. Par rapport au monde dans lequel la plupart d’entre
nous vivent aujourd’hui, celui des personnages est beaucoup plus violent, plus dur.
Mais c’est tout ce qu’ils connaissent. Nous, nous en montrons juste ce qu’il faut pour
que le public s’identifi e émotionnellement aux personnages et ressente l’impact de cette
violence sur eux.

C’est un fi lm très musical, rempli de chansons et de danse. Pour quelle raison ?

DKW : C’est vrai qu’étonnement, c’est très musical. Lorsqu’on écrivait le scénario, on
a été très inspirés par les descriptions des nombreuses fêtes, du mariage de Boryna
et Jagna au cours duquel les invités boivent et dansent pendant trois jours d’affi lée.
Ce sont des gens qui mènent une existence dure, qui travaillent du soir au matin mais
qui savent aussi célébrer le cycle de la vie. Ils aiment les vêtements, la musique, et ils
adorent danser. On devrait tous danser davantage !

On trouvait également que la nature avait besoin d’être accompagnée de musique.
Par moments, c’était elle qui devait parler pour les personnages, quand ils ne
s’exprimaient pas assez ou qu’ils avaient la sensation que les choses leur échappaient.
Notre étroite collaboration avec Lucasz « L.U.C » Rostkowski a été cruciale. Sans son
travail passionné, le fi lm ne serait pas ce qu’il est.

HW : Dans le livre, il y a de nombreuses références à la musique et à la danse. J’adorais
une chose, c’est que dans ces moments-là, il n’était plus question d’être mesquin, on
oubliait les ragots et les confl its. On se rend compte que ces gens étaient des artistes et
que c’était comme ça qu’ils s’exprimaient, de manière passionnée. 

Parlez-nous un peu de vos inspirations visuelles, et de l’idée d’incorporer
des peintures connues dans l’histoire.

DKW : Le fait que Reymont soit un auteur de la Jeune Pologne (mouvement moderniste
dans les arts graphiques, la littérature et la musique en Pologne), nous a donné
l’occasion de lier sa prose aux œuvres des peintres de son époque. Le courant de la
Jeune Pologne a touché de nombreux domaines et styles artistiques mais à la base, c’est
un mouvement qui met en avant l’identité et la culture polonaises, qui dépeint la Pologne
comme un pays fort, vivant, même lorsqu’il est occupé par des puissances étrangères.
Nous avons sélectionné des tableaux des peintres polonais de la fin du 19e et début
du 20e siècles et nous les avons combinés aux techniques cinématographiques et
d’animation du 21e siècle.

Nous nous sommes inspirés des œuvres de plus d’une trentaine de peintres, de
Michał Gorstkin-Wywiórski à Ferdynand Ruszczyc, mais surtout de Józef Chełmoński,
de l’école réaliste. Dans ses dernières œuvres, après son retour en Pologne, la campagne
polonaise est très belle, très expressive. Ça correspondait exactement à ce qu’on voulait
faire visuellement. Le book que j’ai créé pour le fi lm avec Piotr Dominak, qui était aussi
mon chef-peintre sur La Passion Van Gogh, s’inspire beaucoup de nos propres études
aux Beaux-arts. Nous avons grandi avec ces tableaux, ils nous fascinent toujours autant.
Le fi lm était pour nous l’occasion de partager cette fascination avec le public polonais
et international.

HW : Reymont est connu comme étant un auteur de la Jeune Pologne mais il y a un
réalisme presque magique dans ses descriptions. Elles sont très poétiques. Il nous semblait
vraiment cohérent de faire référence à tous ces peintres pour donner vie à ses mots.
C’est quelque chose que les images en prise de vue réelles ne permettent pas de faire.
On n’obtient pas la même émotion.

Vous pensez que c’est une bonne période pour l’animation pour adultes ?
J’imagine que le marché a pas mal évolué depuis le succès de La Passion
Van Gogh.

DKW : Je ne sais pas si c’est une bonne période mais c’est la période.

Depuis La Passion Van Gogh, deux autres fi lms, je crois, ont bien marché auprès du
public et plusieurs autres ont été salués par la critique. Avant ça, c’était une chose rare,
des évènements isolés. Maintenant, ils forment un petit village d’évènements isolés au
milieu de l’immensité des fi lms d’animation familiaux ou destinés aux enfants.

HW : Après La Passion Van Gogh, qui a été le fi lm polonais ayant connu le plus de
succès au box-offi ce et le troisième fi lm d’animation pour adultes ayant le mieux marché,
de nombreux distributeurs et vendeurs nous ont remerciés. Ils nous disaient que le
monde était devenu plus ouvert à l’animation pour adultes. Mais ils nous demandaient
aussi souvent si on comptait faire La Passion Van Gogh 2. Autrement dit, si on comptait
faire la même chose avec d’autres peintres.

Nous avions envie de faire autre chose, de montrer tout ce qu’on pouvait faire avec
les techniques d’animation au cinéma. Donner vie à un roman de plus de 1000 pages,
c’était un défi intéressant, et c’était aussi l’occasion de montrer que ça marcherait aussi
pour un drame. La Jeune Fille et les Paysans fonctionne à une tout autre échelle que
La Passion Van Gogh. Il y a de la danse et des combats. Chaque image nous a demandé
deux fois plus de temps de travail, en raison du style plus réaliste et des mouvements
dynamiques de caméra.

DERRIÈRE LA CAMÉRA...

DK WELCHMAN, RÉALISATRICE

BIOGRAPHIE

Diplômée des Beaux-arts de Varsovie, elle reçoit à quatre reprises une subvention du
Ministère de la culture pour divers projets en peinture et arts graphiques. Ses études
terminées, elle se tourne vers le cinéma et l’animation. Elle réalise cinq court-métrages
avant de fi lmer son premier long, La Passion Van Gogh, qui lui vaut une nomination aux
Oscars.

FILMOGRAPHIE

2023 - La Jeune Fille et les Paysans
2017 - La Passion Van Gogh
2017 - Little Postman, court-métrage
2017 - Chopin’s Drawings, court-métrage
2006 - Świadek Czasu, documentaire
2006 - Serce na dłonie, court-métrage

HUGH WELCHMAN, RÉALISATEUR

BIOGRAPHIE

Co-scénariste et réalisateur de La Passion Van Gogh avec son épouse DK Welchman
(anciennement connue sur le nom de Dorota Kobiela). Le fi lm a rapporté 43 millions
de dollars au box-offi ce mondial et a été nommé aux BAFTA, aux Golden Globes et
aux Oscars. Avant cela, Hugh avait remporté l’Oscar du meilleur court-métrage
d’animation en produisant Pierre et le loup pour BreakThru.

PIOTR DOMINIAK, DIRECTEUR DE L’ANIMATION

BIOGRAPHIE

Après être sorti diplômé des Beaux-Arts de Lodz, Piotr a débuté sa carrière en réalisant
des travaux de peinture en tout genre : enseignes de magasin, muraux, décors de théâtre.
Dans les périodes creuses, il enchaînait les petits boulots – il a même été grilladin dans
un restaurant - tout en faisant en sorte de rester disponible au cas où une opportunité
se présenterait. C’est comme ça qu’il s’est retrouvé à peindre les décors du court-métrage
Pierre et le loup produit par BreakThru. Il a ensuite été nommé Chef de l’animation peinte
sur le court-métrage de Dorota Kobiela, Little Postman, puis sur La Passion Van Gogh.
Il est aujourd’hui directeur du département peinture chez BreakThru.

Doublage VERSION FRANÇAISE
NADIA TERESZKIEWICZ

Après avoir suivi un programme danse-études à l’école Rosella Hightower à Cannes,
et un cursus préparatoire aux Grandes Écoles, la comédienne franco-fi nlandaise
Nadia Tereszkiewicz se tourne vers le théâtre en intégrant le Conservatoire du 8ème
arrondissement de Paris, et la Classe Libre des Cours Florent. Après quelques expériences
devant la caméra, elle incarne en 2017 Nora, le personnage principal passionné
de Sauvages, de Denny Berry.

Entre 2018 et 2019, nous la retrouvons dans deux fi lms : Persona non grata,
de Roschdy Zem, et le thriller de Dominik Moll, Seules les bêtes. Ce dernier lui vaudra
une nomination aux Révélations des César 2020, et le prix de la Meilleure Actrice au
Festival International du Film de Tokyo 2019.

En 2020, Nadia s’illustre à la télévision avec la diffusion sur Canal + et HBO Max
de la série Possessions, thriller de Thomas Vincent avec Reda Kateb, et fait un passage
dans la quatrième et dernière saison de Dix pour cent.

En 2022, on l’a vue dans la comédie de Monia Chokri, Baby-sitter (sélectionné
à Sundance), dans Tom, drame de Fabienne Berthaud, et dans le cinquième fi lm
de Valeria Bruni-Tedeschi, Les Amandiers, notamment sélectionné en Compétition
Offi cielle au Festival de Cannes et pour lequel Nadia a remporté le César du meilleur
espoir féminin 2023.

En 2023, nous avons retrouvé Nadia à l’affi che de Mon Crime de François Ozon,
dans le fi lm d’aventures historique La dernière reine, de Damien Ounouri présenté à la
Mostra de Venise 2022, et dans L’Ile rouge de Robin Campillo. Elle vient de terminer
de tourner sous la direction d’Alanté Kavaïté.

En 2024, elle fait ses premiers pas en tant que comédienne de doublage et prête sa voix
à Jagna, personnage principal du fi lm en peinture animée La Jeune Fille et les Paysans,
signé par les réalisateurs de La Passion Van Gogh. La même année, on retrouvera
Nadia à l’affi che de Rosalie, de Stéphanie Di Giusto, une libre adaptation de la vie
de Clémentine Delait, la célèbre femme à barbe du XIXème siècle.

FILMOGRAPHIE

2024 ROSALIE
 Stéphanie Di Giusto
2024 LA JEUNE FILLE ET LES PAYSANS DK & Hugh Welchman
2023 L’ÎLE ROUGE
 Robin Campillo
2023 MON CRIME François Ozon
2023 LA DERNIÈRE REINE
 Damien Onouri, Adila Bendimerad
2022 LES AMANDIERS
 Valeria Bruni Tedeschi
2022 BABYSITTER
 Monia Chokri
2022 TOM
 Fabienne Berthaud
2019 SEULES LES BÊTES
 Dominik Moll
2018 PERSONA NON GRATA
 Roschdy Zem
2017 JALOUSE
 David Foenkinos
2017 SAUVAGES
 Dennis Berry
2015 LA DANSEUSE
 Stéphanie Di Giusto

LISTE ARTISTIQUE

Jagna Paczesiówna
Antek Boryna
Maciej Boryna
Hanka Borynowa
Dominikowa
KAMILA URZĘDOWSKA
ROBERT GULACZYK
MIROSŁAW BAKA
SONIA MIETIELICA
EWA KASPRZYK

LISTE TECHNIQUE
Réalisé par
Produit par
Scénario par
Directeurs de la photographie
Directeur de l’animation
Montage
Costumes
Musique
DK WELCHMAN (AKA KOBIELA)
HUGH WELCHMAN
SEAN BOBBITT
HUGH WELCHMAN
DK WELCHMAN
HUGH WELCHMAN
RADOSŁAW ŁADCZUK
KAMIL POLAK
PIOTR DOMINIAK
DK WELCHMAN
PATRYCJA PIRÓG
MIKI WĘCEL
KATARZYNA LEWIŃSKA
ŁUKASZ « L.U.C » ROSTKOWSKI
WALDEMAR POKROMSKI

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