Saturday, March 09, 2024

Yoru no kawa / Undercurrent (2022 restoration in 4K by Kadokawa Corporation)


Kozabura Yoshimura: 夜の河 / Yoru no kawa / Undercurrent (JP 1956) with Fujiko Yamamoto (Kiwa Funaki).

夜の河 / Rivière de nuit / River of the Night / River of Night / Night River
    JP 1956. PC: Daiei Kyoto. P: Masaichi Nagata.
    Un film de Kôzaburô Yoshimura
    Format : couleur - 1,37:1 - 35 mm - son mono (Westrex Recording System)
    2024: VOSTF - DCP - Visa n° 161376
    FICHE TECHNIQUE
Assistant réalisateur : Tokuzō Tanaka
Scénario : Sumie Tanaka, d'après un roman de Hisao Sawano
Photographie : Kazuo Miyagawa
Musique : Sei Ikeno
Décors : Akira Naitō
Montage : Shigeo Nishida
Son : Yukio Kaihara
Langue originale : japonais
Genre : drame, mélodrame
Durée : 104 minutes
    DISTRIBUTION
Fujiko Yamamoto : Kiwa Funaki
Toshiko Hasegawa (créditée sous le nom de Michiko Ono) : Miyo, la sœur de Kiwa
Shunji Natsume : Seikichi, le mari de Miyo
Eijirō Tōno : Yūjirō Funaki, le père de Kiwa et Miyo
Kimiko Tachibana : Mitsu, la belle-mère de Kiwa
Ken Uehara : Yukio Takemura
Kazuko Ichikawa : Atsuko, la fille de Takemura
Eitarō Ozawa : Omiya
Mineko Yorozuyo : Yasushi, la femme d'Omiya
Michiko Ai : Setsuko, l'amie de Kiwa
Keizō Kawasaki : Gora Okamoto, le peintre
Yōichi Funaki : Hayasaka, assistant de Takemura à l'Université d'Osaka
Hikaru Hoshi : Sakuraya
Kyū Sazanka : Shinoda
    Japanese premiere: 12 Sep 1956.
    Unreleased in Finland.
    Une restauration 4K de Kadokawa Corporation réalisée en 2022 par Imagica Entertainment Media Services, Inc.
    Au cinéma le 6 mars 2024 pour la 1ère fois en version restaurée 4K, société de distribution : Carlotta Films - sous-titres francais: Fabrice Arduini
    International festival premiere of the restoration: 22 Feb 2023 Berlin
    French premiere: 6 March 2024
    Viewed at the Filmothèque du Quartier Latin Paris, 9 rue Champollion, 75005 Paris,  Saint-Michel, ligne 4,  Odéon, ligne 4,  Cluny La Sorbonne, ligne 10, samedi le 9 mars 2024

IMDb : " An artistically and commercially successful kimono designer begins an affair with a married man. But when his wife dies, her reaction is not as expected. "

CARLOTTA FILMS: UN MÉLODRAME POIGNANT AUX COULEURS FLAMBOYANTES
" Kiwa Funaki travaille à la teinturerie de son père à Kyoto. Cette femme indépendante et talentueuse y conçoit des tissus et accessoires qu’elle commercialise elle-même jusqu’à Tokyo. À bientôt trente ans, son entourage aimerait la voir mariée mais Kiwa trouve on épanouissement dans son art. Un jour, elle fait la rencontre de M. Takemura, professeur à l’université d’Osaka. Ce client singulier et érudit, au demeurant marié et père de famille, trouble la jeune femme… "

À PROPOS
" Au cours de la décennie 1950, le cinéaste Kozaburo Yoshimura réalise une série de films centrés sur des travailleuses de Kyoto qui explore les dilemmes d’une nation en proie à des changements rapides et irréversibles. Avec l’aide de sa scénariste Sumie Tanaka (grande collaboratrice de Mikio Naruse et Kinuyo Tanaka), Rivière de nuit explore de manière saisissante le choc de l’après-guerre, entre tradition et modernité, à l’image des sublimes imprimés conçus par Kiwa. Pour son premier long-métrage en couleurs filmé par le grand chef-opérateur Kazuo Miyagawa (Rashômon, L’Intendant Sansho), Yoshimura exploite tout le potentiel de ce nouveau support, usant d’un jeu de correspondances et de symboliques particulièrement innovant, comme dans cette magnifique scène de baiser éclairée par les lumières de la ville. Dans le rôle de ces amants contrariés par le destin, les acteurs Fujiko Yamamoto (Fleurs d’équinoxe) et Ken Uehara (Derniers Chrysanthèmes) sont proprement bouleversants. Disponible dans sa somptueuse restauration 4K, Rivière de nuit est un mélodrame déchirant d’une audace folle. "

AA: Kozaburo Yoshimura's Yoru no kawa (1956) has its European commercial theatrical premiere this week in France under the title Rivière de nuit. The first colour film of the director has been beautifully restored in 4K by Kadokawa, the successor to the original production company Daiei. The cinema is fully booked. The feeling of anticipation is enthusiastic.

The story of a woman claiming her integrity and independence in the crosscurrents of tradition and modernity in 1950s Kyoto is based on a screenplay by the distinguished female writer Sumie Tanaka known for her contributions to the films of Mikio Naruse and Kinuyo Tanaka, among others.

Kiwa Funaki (interpreted by the graceful Fujiko Yamamoto, born in 1931 and still with us) is a talented independent professional based at her father's dyery, creating and marketing her own fabrics and accessories. Kiwa promotes a new way of dyeing (Rouketsu) instead of traditional Kyoto dyeing. However, her personal and refined designs are based on tradition, while the direction of fashion is  increasingly modern. The distinguished, elegant and resourceful Kiwa finds ways to navigate in a rapidly changing society.

She is a father's daughter, and the deep bond gives her strength to hold on to her independence. Everybody expects Kiwa to marry, but she is not marriage minded. She has to fend off a frustrated young admirer who loves modern art and even paints a daring portrait of her. She has to defend herself against an older business partner, as well.

While marketing her product in Nara, Kiwa meets professor Yukio Takemura (Ken Uehara, familiar from Mizoguchi, Ozu, Gosho and Naruse) from the Osaka University. He is married, but his wife is in the terminal phase of tuberculosis. A deep attraction develops. After his wife's death, Takemura proposes, but Kiwa rejects, valuing her independence over marriage.

Yoshimura conveys key moments of the relationship in purely visual terms. The anthology piece of the movie is the night of love in a hotel room from which the considerate maid has turned the lights off. Still the room is subtly illuminated by the orange glow of the city lights. Yoshimura directs the warm and tender sequence with a great restraint that only reinforces its unusual erotic charge.

Afterwards there is a sequence at a seaside cliff that evokes the cinema of Roberto Rossellini / Ingrid Bergman and Michelangelo Antonioni / Monica Vitti. There is the same sense of being lost, the same quest for identity in a modern world alienated from traditional values and a traditional social order.

A joy of colour is a hallmark of Yoru no kawa, set in a kimono dyery. Notable is also the flower motif. Since we are in Kyoto, the sakura celebration, the cherry blossom time is evoked towards the finale. "Le temps des cerises": the association may be accidental, but there is also a recurrent First of May motif in the movie. In the context, it emphasizes the Kiwa's independent rebel spirit.

The master cinematographer is Kazuo Miyagawa (The Rickshaw Man, Rashomon, Ugetsu monogatari, Sansho dayu, Kagi, Ukigusa, Yojimbo). He had filmed Mizoguchi's first colour film Shin Heike monogatari. Here he displays taste and refinement in the still new world of colour cinematography.

The new restoration guarantees a very good viewing experience.

BEYOND THE JUMP BREAK: CARLOTTA FILMS: KIT PRO:
BEYOND THE JUMP BREAK: CARLOTTA FILMS: KIT PRO:

LE RÉCIT D’UNE FEMME INDÉPENDANTE DANS LE JAPON D’APRÈS-GUERRE

" Kiwa Funaki travaille à la teinturerie de son père à Kyoto. Cette femme indépendante et talentueuse y conçoit des tissus et accessoires qu’elle commercialise elle-même jusqu’à Tokyo. À bientôt trente ans, son entourage aimerait la voir mariée mais Kiwa trouve son épanouissement dans son art. Un jour, elle fait la rencontre de M. Takemura, professeur à l’université d’Osaka. Ce client singulier et érudit, au demeurant marié et père de famille, trouble la jeune femme… "

UN MÉLODRAME POIGNANT AUX COULEURS FLAMBOYANTES

" Au cours de la décennie 1950, le cinéaste Kozaburo Yoshimura réalise une série de films centrés sur des travailleuses de Kyoto qui explore les dilemmes d’une nation en proie à des changements rapides et irréversibles. Avec l’aide de sa scénariste Sumie Tanaka (grande collaboratrice de Mikio Naruse et Kinuyo Tanaka), Rivière de nuit explore de manière saisissante le choc de l’après-guerre, entre tradition et modernité, à l’image des sublimes imprimés conçus par Kiwa. Pour son premier long-métrage en couleurs filmé par le grand chef-opérateur Kazuo Miyagawa (Rashômon, L’Intendant Sansho), Yoshimura exploite tout le potentiel de ce nouveau support, usant d’un jeu de correspondances et de symboliques particulièrement innovant, comme dans cette magnifique scène de baiser éclairée par les lumières de la ville. Dans le rôle de ces amants contrariés par le destin, les acteurs Fujiko Yamamoto (Fleurs d’équinoxe) et Ken Uehara (Derniers Chrysanthèmes) sont proprement bouleversants. Disponible dans sa somptueuse restauration 4K, Rivière de nuit est un mélodrame déchirant d’une audace folle. "

KOZABURO YOSHIMURA

« Très assidu de cinéma occidental, Kozaburo Yoshimura rate le concours d’entrée à l’université mais se fait tout de même une place à la Shochiku âgé d’à peine vingt ans. Assistant le plus fidèle de Yasujiro Shimazu, il ne tarde pas à monter en grade en pleine mode du bungei eiga (film littéraire) même si ses premiers films seront des échecs publics. À la fin des années 1930, l’armée lui confie un projet d’abord refusé par Hiroshi Shimizu, un film de guerre avec Ken Uehara nommé L’Histoire du commandant de chars Nishizumi, marquant l’avancée d’une unité de blindés sur le front chinois. Yoshimura accepte à la seule condition de pouvoir tourner Courant chaud, une adaptation de Kunio Kishida. Un coup de poker qui remporta l’adhésion du public comme des autorités, car réussissant à ne jamais faire ressentir l’impact de la guerre dans un contexte d’austérité anxiogène. [...] Après la guerre, les réformes fiscales ont réduit les inégalités entre riches et pauvres et le déclin de la bourgeoisie est un sujet qu’adopte Yoshimura pour réaliser en pleine occupation américaine, le formidable Bal de la famille Anjo. [...] Yoshimura ne cherche cependant pas non plus les faveurs de l’occupant en place et son film La Journée la plus rayonnante de ma vie se voit censuré par les forces d’occupation américaines. [...] S’il aborde des thèmes de plus en plus originaux, son rapport à son pays et à sa culture sont pour le moins conflictuels ; jugeant la tradition japonaise comme peu propice à la réalisation car manquant encore d’un sens de la construction dramatique. Un an avant la fin de l’occupation, il réalise son film le plus connu : Le Roman de Genji (1951), qui brise un tabou tacite en présentant pour la première fois l’empereur, certes suggéré dans la pénombre, mais la photographie vaudra au chefopérateur Kohei Sugiyama d’être primé à Cannes pour son travail. Dans un souci d’indépendance, Kozaburo Yoshimura et son scénariste Kaneto Shindo quittent la Shochiku pour créer la compagnie de production Kindai Eiga Kyokai. Il tourne, en collaboration avec la Daiei, le très inégal Habits de vanité (avec Machiko Kyo) mais enchaîne sur une œuvre beaucoup plus réussie : Les Sœurs de Nishijin, où une veuve et ses trois filles tentent par tous les moyens de garder leur modeste fabrique de tissus traditionnels dans un quartier de Kyoto. C’est avec Le Cap Ashizuri, fustigeant la militarisation du Japon dans les années 1930, que commence véritablement à germer une volonté artistique et politique plus affirmée. En 1956 sort son premier film en couleurs (Rivière de nuit), l’histoire d’une jeune femme moderne et indépendante travaillant, encore une fois, dans l’ancien Kyoto. Il tourne ponctuellement avec Ayako Wakao : Médaille pour une femme, Je n’oublie pas cette nuit et, le plus connu, La Poupée brisée. [...] En 1976, Yoshimura reçoit une Médaille au Ruban Pourpre (décoration honorifique du gouvernement) alors que sa carrière est terminée depuis deux ans déjà. [...] »
Par Clément Rauger - Extrait du Coffret l’Âge d’Or du Cinéma Japonais sous la direction de Pascal-Alex Vincent (éd. Carlotta Films, 2016)

UNE SÉLECTION BERLINALE CLASSICS 2023
« Nous avons choisi Rivière de nuit de Kozaburo Yoshimura pour la section Berlinale Classics 2023, d’une part, parce que nous avons été captivés par l’éloquente narration visuelle de ce récit, celui d’une
femme forte en transition entre tradition et modernité. D’autre part, le comité de sélection a été impressionné par la qualité de la restauration. C’est avec plaisir que nous présentons le premier film en
couleurs de Kozaburo Yoshimura lors du 73e Festival international du film de Berlin et que nous
rendons hommage à son œuvre et aux débuts du cinéma japonais en couleurs. »

WIKIPÉDIA:

" Rivière de nuit (夜の河, Yoru no kawa) est un film japonais réalisé par Kōzaburō Yoshimura et sorti en 1956. C'est le premier film en couleur du réalisateur. "

Synopsis

" Kiwa Funaki est une jeune femme indépendante et moderne qui travaille dans la teinturerie familiale de Kyoto, elle y conçoit des accessoires de mode et des tissus pour kimono qu'elle commercialise. À bientôt 30 ans, son entourage rêve de la voir se marier. Alors qu'elle repousse à la fois l'admiration du jeune peintre Gora Okamoto et les avances intrusives de son partenaire commercial Omiya, elle finit par tomber amoureuse de Takemura, rencontré lors d'une visite à Nara, un scientifique qui mène des recherches sur la mouche Shojobae à l'université d'Osaka. Après avoir entamé une liaison avec lui, Kiwa apprend que la femme de Takemura est atteinte de tuberculose en phase terminale. Lorsque celle-ci meurt, Takemura lui propose de l'épouser, mais Kiwa, lui reprochant son égoïsme, choisit son indépendance plutôt que la perspective de devenir sa femme. "

Autour du film

" Depuis Courant chaud (1939), le premier film qui l'a fait connaître, Kōzaburō Yoshimura n'a pas son pareil pour tracer le portrait de femmes distinguées, élégantes et raisonnables, qui s'adaptent intelligemment aux changements de la société, une maîtrise qu'il porte à la perfection dans Rivière de nuit avec Fujiko Yamamoto. Son personnage dans le film aspire à la liberté dans un Kyoto très traditionnel et veut devenir une « nouvelle femme ». Bien qu'elle réussisse au point de s'identifier à l'ouvrier qui défile pour la fête du premier mai, elle est tiraillée entre les idées sociales modernes et les traditions féodales de son propre milieu. Ken Uehara lui interprète un homme d'âge mûr qui tombe amoureux d'une jeune femme comme pour garder le romantisme de la jeunesse, mais qui finit par être délaissé. "

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