Saturday, March 02, 2024

Madame de Sévigné


Isabelle Brocard: Madame de Sévigné (FR 2024) avec Ana Girardot (Françoise de Sévigné, fille de Madame de Sévigné) et Karin Viard (Marie de Sévigné, Madame de Sévigné).

FR 2024. Sociétés de production : The Film ; coproduit par Orange Studio, France 3 Cinéma, Ad Vitam et Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma. Production : Michaël Gentile
    Réalisation : Isabelle Brocard
Scénario : Isabelle Brocard et Yves Thomas
Photographie : Georges Lechaptois. Format : couleur — 2,39:1 — son 5.1
Costumes : Anaïs Romand
Musique : Florencia Di Concilio
Montage : Camille Delprat et Géraldine Mangenot
    Distribution
Karin Viard : Marie de Sévigné (Madame de Sévigné)
Ana Girardot : Françoise de Sévigné, fille de Madame de Sévigné
Cédric Kahn : Monsieur de Grignan
Noémie Lvovsky : Madame de La Fayette
Robin Renucci : Monsieur de La Rochefoucauld
Cyrille Mairesse : la petite personne
Antoine Prud'homme de la Boussinière : Charles de Sévigné
Alain Libolt : le cardinal de Retz
Laurent Grévill : Bussy Rabutin
Benjamin Wangermee : Louis XIV
Niseema Theillaud : Mademoiselle de Scudery
Garance Desmichelle : Marie Thérèse d'Autriche
    Loc: " Plusieurs scènes du film ont été tournées au château de Grignan dans la Drôme. D'autres séquences ont également été tournées au château de Suze-la-Rousse ainsi qu'à Cornillon-sur-l'Oule, au Château de Fléchères dans l'Ain (salon de Madame de La Fayette), en région parisienne, dans les Hauts-de-France et en Bourgogne. " (Wikipédia)
    Langue originale : français
    Genre : drame historique
    Durée : 92 minutes
    Dates de sortie : France : 26 août 2023 (Festival du film francophone d'Angoulême)3 ; 28 février 2024 (sortie nationale). Sociétés de distribution : Orange Studio / Ad Vitam (France), A-Z Films (Québec)
    Viewed at UGC Odéon, Salle 1, 124 bd Saint-Germain, 75006 Paris, Saint-Germain-des-Prés, Métro Odéon, 2 March 2024.

A novel to the film: écrit par Isabelle Brocard, illustrations de Violette Vaisse : Madame de Sévigné , ou l'excessive tendresse. Éditions Fayard, 2024 


Unifrance synopsis: " In France, at the court of Louis XIV, the Marquise de Sévigné wants to raise her daughter in her own image: a brilliant and independent woman driven by the arts and literature. But, as soon as her daughter marries, she cuts ties with her mother and, to the Marquise’s despair, she takes pleasure in the everyday activities of a housewife. Away from each other, they start writing ardent letters. Mother and daughter will experience the torments of a singular and devastating passion. From this wreck, the most famous letters of French literature will be born... "

AA: The correspondence of Marie de Sévigne is a classic of world literature. In Gallimard's Collection Bibliothèque de la Pléiade it has been published in three volumes edited by Roger Duchêne: « On ne peut contester à Marie de Rabutin Chantal, marquise de Sévigné (1626-1696), le titre de plus célèbre épistolière de France. Ses lettres écrites d'un ton libre et d'un style inventif nous introduisent dans sa familiarité et dans celle de son siècle. Si les lettres à sa fille, Mme de Grignan, nous la montrent mère passionnément attentive, on ne peut négliger le rôle qu'elle joue de témoin, souvent spirituel et amusé – mais aussi depuis l'affaire Fouquet, parfois inquiet et réprobateur –, des petits et grands événements du règne de Louis XIV. » (Jacques Prévot.) In Finnish there is a compact selection, Kirjeitä tyttärelle vuosilta 1671-1694 (transl. Toini Kaukonen, WSOY 1953) and a more extensive one, Markiisitar de Sévignén kirjeet 1648-1696 (ed. Riikka-Maria Rosenberg and Ulla Tuomarla, 432 pages, Teos 2020).

The letters open a view to the life at the court, the lifestyle of the aristocracy during le Grand Siècle. It is an age of Absolutism, Feudalism, wars and taxes, terrible epidemics, love and gambling. Freedom does not exist. The favours of the Sun King, Louis XIV, are the key to everything. This is the age of la Fronde, a series of brutal civil wars, with the end result of Absolutism fortified. It is an age of high culture, and La Rochefoucauld (Maximes) and Madame de La Fayette (La Princesse de Clèves) belong to Madame de Sévigné's circle of friends. It is also an age of corruption, social injustice and discrimination of women. Madame de Sévigné secured a position of independence by the early death of her husband ("at last I know where he spends his nights") and her knowhow in securing the rights of inheritance.

Madame de Sévigné's letters were not meant for publication, but when they were, posthumously starting in 1725, they became a model for a new literary genre, the epistolary novel (Montesquieu, Rousseau, Goethe). An elegant touch, sharp wit, tough realism, a sense of play and a love of writing in itself are among the lasting values.

Isabelle Brocard's attractive film opens Madame de Sévigné's world to us in authentic, natural locations, ravishing costumes and subtle performances by Karin Viard as the mother Marie and Ana Girardot as the daughter Françoise, who always address each other as "vous".

The psychological intensity of the drama is based on the mother - daughter relationship. It is a saga of "l'excessive tendresse", the story of a domineering mother who wants to protect her daughter from becoming a courtesan in the court of the Sun King. She interrupts her in flagrante with Louis XIV at a fabulous costume party in the royal garden complete with fireworks - an intervention that will be never forgiven by either party - and remote controls her as much as she can. Françoise accuses her mother for having destroyed her life. Looking back, Madame de Sévigné sees a life that is "vide - triste - maltraité - abusé". She finds solace in nature, wading in the water.

We experience the full scale of a woman's life from costume elegance to the agony of giving birth. Intrigues of family fortunes are literally planned like moves on a chessboard. The act of writing appears as a visual element, a trend in current cinema, for instance in Hemingway by Ken Burns and Lynn Novick.

The visual design by Anaïs Romand and the music score express the baroque world, with inspiration from Nicholas Poussin. Georges Lechaptois shoots the movie in subdued colours. Florencia Di Concilio creates a lovely original score, blending seamlessly with vintage Couperin and Lully tunes. Lavish costumes designed by Anaïs Romand are integral to the experience.

BEYOND THE JUMP BREAK: DATA FROM WIKIPEDIA AND ISABELLE BROCARD'S INTERVIEW FROM THE PRESS KIT:
BEYOND THE JUMP BREAK: DATA FROM WIKIPEDIA AND ISABELLE BROCARD'S INTERVIEW FROM THE PRESS KIT:

Genèse et développement

Le film est basé sur la correspondance qu'a entretenue Madame de Sévigné avec sa fille Françoise, comtesse de Grignan, et dont les lettres font partie des œuvres les plus étudiées de la littérature française.

Le film raconte comment Madame de Sévigné a insisté pour que sa fille ne devienne pas une simple courtisane, l’empêchant de devenir la maîtresse du roi Louis XIV, et les répercussions que cela a engendré.

Il montre par ailleurs l'influence que ses lettres vont avoir dans la vie de la célèbre écrivaine. Selon l'actrice Karine Viard. le film décrit notamment :

« comment une femme comme Madame de Sévigné, une marquise donc, devient écrivaine à travers les lettres qu'elle écrit à sa fille, qui sont pleines de poésie, de lyrisme, de fougue. C'est l'éclosion d'une écrivaine, l'affirmation d'une femme et tout cela est très contemporain. »

Dans la même lignée, la réalisatrice Isabelle Brocard confirme que l'objectif du film était également de questionner l'époque actuelle à travers la vie de cette célèbre épistolière :

« L'idée n'était pas du tout de faire un film d'époque pour s'empêtrer dans quelque chose qui aurait un peu senti la naphtaline. Non, au contraire, c'est vraiment faire résonner des questions modernes, c'est à dire l'indépendance des femmes, la possibilité qu'elles ont ou pas de choisir cette indépendance. »

Attribution des rôles

Dans le film, Madame de Sévigné est interprétée par l'actrice Karin Viard. Interviewée à ce sujet, l'actrice indique avoir été emballée par le rôle. Elle déclare : « C'était une femme féministe à un siècle où les femmes n'avaient aucune liberté ». Elle ajoute:

« J'aime cette femme pour son féminisme, sa modernité. C'est quelqu'un qui se bat pour son indépendance et a une fille qui est tout son contraire. Elle est sous l'emprise d'un homme plutôt dépensier, coureur de jupons et elle pense qu'elle n'a pas le choix en tant que femme que de le supporter. »

La fille de Madame de Sévigné, Françoise, est incarnée par Ana Girardot, tandis que Noémie Lvovsky joue le rôle de Madame de La Fayette.

Tournage

Plusieurs scènes du film ont été tournées au château de Grignan dans la Drôme, où la marquise de Sévigné s'est rendue à plusieurs occasions afin de voir sa fille Françoise, qui était mariée à François Adhémar de Monteil de Grignan.

Selon la réalisatrice Isabelle Brocard, ce choix s'explique cependant plus par l'ambiance particulière du château que par la volonté de replacer les acteurs dans le décor d'origine. Elle explique :

« Le château de Grignan a été complètement reconstruit, un peu à l'identique au xxe siècle donc ce n'était pas une histoire d'âme ou d'autre chose. C'était plutôt la lumière du sud, cette espèce de minéralité de ce château. Il y avait quelque chose, qui, pour moi, devait se raconter là. »

D'autres séquences ont également été tournées au châteaude Suze-la-Rousse ainsi qu'à Cornillon-sur-l'Oule, au Château de Fléchères dans l'Ain (salon de Madame de La Fayette), en région parisienne, dans les Hauts-de-France et en Bourgogne.

FROM THE PRESS KIT
ENTRETIEN AVEC ISABELLE BROCHARD

Racontez-nous la genèse du film.

La singularité du rapport mère-fille m’a toujours interrogée dans ce qu’il a de primitif, de constitutif de l’identité et de destructeur. J’ai lu des ouvrages passionnants sur le sujet, notamment Entre mère et fille : un ravage de Marie-Magdeleine Lessana. Elle y revisite le destin de couples mères-filles célèbres- Marlène Dietrich et sa fille, Camille Claudel et sa mère… - et consacre son premier chapitre à Madame de Sévigné et Madame de Grignan avec un discours très à charge contre la première.  Ce chapitre m’a tout de suite interpellée : d’abord parce que, contrairement à l’auteur, je trouvais que la mère et la fille alimentaient toutes les deux cette aliénation réciproque ; ensuite, parce que me sautait aux yeux le poids de la difficulté d’être femme dans cette histoire. Les contraintes qui pèsent sur le corps, le destin, la liberté des femmes, sont en partie à l’origine de cette relation ravageante, et c’est encore le cas aujourd’hui évidemment.  J’ai eu le désir de parler du présent à travers l’acuité de ce siècle passionnant qu’est le XVIIème sur la question des femmes.
Je me suis évidemment plongée dans « Les Lettres », et c’était comme si une voix incroyablement spirituelle et séduisante venait me parler aujourd’hui de ce lien brûlant, torturé, essentiel qui se noue entre mère et fille. C’était là, sans fards et sans psychologie : une blessure aussi vive qu’il y a trois- cent-cinquante ans. J’ai eu envie de l’explorer ; l’incarner… 

Vous en offrez une lecture très différente de celle que l’on propose habituellement.

Oui, on voit généralement Les Lettres de Madame de Sévigné comme un témoignage sur l’époque. 
On salue le style de l’écrivain, à la fois très libre et en même temps nourri par l’éducation reçue par son auteure. On s’amuse des commérages qui circulent à la cour et dans les salons. Moi-même, qui ai pourtant fait des études de lettres et enseigné comme professeur quelques années, j’étais un peu passée à côté. Ce film est, je l’espère, l’occasion de les lire ou relire : elles sont tellement modernes.
 
Dès le début du film, Madame de Sévigné envisage un destin pour sa fille : une vie flamboyante et indépendante.

Ce destin, elle l’imagine à la hauteur de l’amour qu’elle lui porte ; un accomplissement de ce qu’elle croit qu’elle est. Sa fille est belle et intelligente, elle pense qu’elle va pouvoir lui obtenir une place à la cour qu’elle-même n’a pas réussi à avoir. Elle veut son bonheur mais dans une projection d’ellemême. Madame de Sévigné vit à un moment de l’Histoire où une forme d’indépendance et de liberté s’invente pour les femmes - je parle évidemment des femmes de l’aristocratie. C’est l’époque des Précieuses, des salons, de la Fronde à laquelle elles ont beaucoup participé. Elle n’imagine pas que cette évolution de la condition féminine va être progressivement muselée au fur et à mesure que s’annonce le début du XVIIIème. Et elle n’imagine pas non plus que sa fille puisse avoir d’autres aspirations qu’elle. 
Ce sont deux projections tellement contemporaines. Quelle mère, dans les années soixante-dix, pouvait envisager que l’égalité hommes-femmes ne serait pas définitivement acquise lorsque sa fille serait adulte ? En 2017, on s’est rendu compte qu’on était loin du compte. Quelle mère ne souhaite pas aujourd’hui que sa fille soit autonome ? Il y a pourtant des femmes qui veulent d’abord être amoureuses, mère, avant d’être indépendantes…. C‘est là la modernité incroyable de l’histoire de Madame de Sévigné et de sa fille.

Dès sa présentation à la cour, la future Madame de Grignan s’attire les faveurs du roi. Un évènement auquel Madame de Sévigné met tout de suite un terme, quitte à faire tomber mère et fille en disgrâce. Il faut un sacré aplomb pour s’opposer ainsi à son monarque.

Madame de Sévigné fait preuve d’une audace insensée : il y a pire état pour une femme à l’époque que d’être la maîtresse du roi mais elle ne veut pas de ça pour sa fille. Quant à Françoise, elle est prise entre deux mouvements ; elle est dans cette zone dangereuse où elle n’a pas vraiment envie de ce que fait le roi mais où elle ne lui dit pas « non » non plus ; on comprend qu’à son âge, elle ne sait pas encore gérer sa beauté et le désir des hommes, particulièrement celui d’un personnage aussi important que le roi : se sentir désirée par lui est valorisant, troublant. On devine déjà sa vulnérabilité.

En mariant sa fille à Grignan, deux fois veuf, Madame de Sévigné songe à nouveau qu’elle offre à sa fille l’assurance de l’indépendance. Après deux enfants, lui dit-elle, il est temps de songer à sa beauté, à sa santé et à un retour à Paris.

Elle a fait un mauvais calcul avec ce mariage en se laissant éblouir par la vieille noblesse que représente Grignan sans mesurer qu’il est très endetté. Sans enfant de sa deuxième femme, il a une dot à rembourser -c’est la loi à l’époque-, sans compter les frais qui incombent à sa charge en Provence. Et elle refait un autre mauvais calcul en pensant que sa fille, une fois mère, va cesser toute relation conjugale avec son mari, comme elle-même l’a fait avec Monsieur de Sévigné après avoir eu deux enfants. Ses exhortations à la rappeler près d’elle ne sont pas seulement liée à la passion qu’elle voue à Françoise : les femmes risquaient la mort à chaque grossesse et Madame de Sévigné s’inquiète réellement pour la vie de sa fille. 
Mais Madame de Grignan ne veut pas être indépendante, elle a besoin qu’on s’occupe d’elle, elle est incapable de vivre autrement. Pourtant, si elle préfère être dépendante de Grignan, c’est aussi que s’en distancier signifierait pour elle d’être encore plus dépendante de sa mère. 

Comment décrire cette relation emplie de déception, d’incompréhension et de provocations entre les deux femmes ; à sa façon, Madame de Grignan n’hésite pas à provoquer Madame de Sévigné : elle fait circuler ses lettres, court les routes de Provence avec son mari, multiplie les grossesses

C’est comme s’il y avait une troisième femme entre la mère et la fille – une femme fantasmée qui ne peut pas exister et les dévore toutes les deux jusqu’à les rendre malades. Ni l’une ni l’autre ne sont libres : elles sont enfermées dans leur relation et très égocentrées. Madame de Grignan pourrait tout à fait se séparer de sa mère : elle préfère adopter une posture de victime permanente, accuser, culpabiliser, demander de l’aide parfois…. Madame de Sévigné pourrait écouter son amie Madame de La Fayette qui la conjure de prendre ses distances et de cesser d’empiéter sur la vie de sa fille... L’une et l’autre en sont incapables. Elles s’aiment, et c’est ce qui est terrible. 

Un amour obsessionnel chez Madame de Sévigné, encore aggravé par l’absence et la distance

Il fallait au moins trois semaines pour rejoindre la Provence en partant de Paris. Le rapport au temps est un bon exhausteur de névrose… Ce qui est passionnant, c’est qu’il permet à Madame de Sévigné d’écrire un chef d’œuvre sur le cadavre de cette relation.  Derrière l’autopsie de ce rapport mèrefille, le film raconte la naissance d’un écrivain.

L’éclosion de l’auteure se nourrit de scènes terribles : cette petite personne que Madame de Sévigné prend sous son aile en Bretagne, qu’elle instruit, modèle comme si elle était un substitut de sa fille, et qu’elle finit par sacrifier devant la jalousie de Madame de Grignan

Cette petite personne est très importante : elle témoigne mieux que personne de la situation des femmes au XVIIème siècle. Etant de petite noblesse mais pauvre, elle sait qu’elle ne peut aspirer à aucune forme d’indépendance, qu’elle ne trouvera sa liberté qu’en elle-même et que l’opportunité que lui offre Madame de Sévigné de s’instruire un peu est précieuse, inespérée. La liberté n’existe pas au XVIIème siècle. Et les conversations qu’entretiennent La Rochefoucauld, Madame de La Fayette et leurs amis ne traitent que de cela. L’indépendance ? Peut-être, à condition d’être riche. La liberté ? Non. C’est Cyrille Mairesse, déjà vue dans Les Chatouilles, d’Andréa Bescond et Éric Metayer, qui interprète ce beau personnage. Elle n’avait pas quinze ans quand on a tourné le film et déjà une maturité exceptionnelle.

Il y a aussi cette scène où la maladie de Madame de Grignan devient prétexte à la retenir en otage… La passion obsessionnelle de Madame de Sévigné n’a pas de limites

La folie de sa fille n’en a pas non plus.  Historiquement, on sait qu’elle a traversé une période d’anorexie mentale alors qu’elle vivait seule avec sa mère. 

La maladie est un terrain que vous aimez creuser. Il en était déjà question dans Ma compagne de nuit, votre premier long métrage, et dans vos précédents documentaires.

En démarrant l’écriture de Madame de Sévigné, j’ai pensé : « Enfin un film qui ne traite pas de ce sujet ! ». Mais, vous avez raison, le troisième personnage est à nouveau la maladie ou tout du moins la névrose ; l'obsession. Pourtant, je n’ai jamais voulu être à charge contre Madame de Sévigné parce que je trouve qu’à un moment, elle réussit à se sauver en s’abandonnant de manière quasi viscérale à l’écriture. Elle lâche prise et devient véritablement un écrivain.  Les faits me donnent raison : Madame de Sévigné est morte à Grignan ; la relation avec sa fille s’est probablement apaisée et elle a sans doute accepté que sa fille soit différente d’elle et de ce qu’elle aurait voulu qu’elle soit. Et elle est devenue, malgré elle, un immense écrivain.

Sans occulter les difficultés des femmes dans le mariage ou face à la cour, vous ne chargez pas les hommes.  Charles, le fils de Madame de Sévigné, Bussy Rabutin, La Rochefoucauld …sont éminemment sympathiques… 

Il n’était surtout pas question de les charger. Même le roi est dans son rôle de roi. En revanche, je tenais à ce qu’on comprenne à quel point la question de l’indépendance et de la liberté des femmes, et la toxicité des rapports entre Madame de Sévigné et de Madame de Grignan s’inscrivaient dans un schéma paternaliste dont tous et toutes subissent les conséquences. Grignan porte ça. Françoise finit par échapper à sa mère au prix d’une vie soumise à un mari qu’elle aime mais sur lequel elle n’a pas de prise.

Dans cette galerie masculine, Charles est le plus novateur

Il est solaire, léger, tendre. Autant Madame de Sévigné est une mère terrible avec sa fille, autant elle est heureuse avec lui. Charles est l’un des personnages les plus libres du film. Il se lasse et se moque de cette société de cour où il faut plaire, dépenser, être en vue, tout cela dans un contexte de violence sociale. Il n’a plus envie de faire des ronds de jambes pour obtenir une charge et choisit de partir vivre en Bretagne. C’est vraiment un jeune homme d’aujourd’hui. Antoine Prudhomme de la Boussinière, qui l’interprète vient du théâtre. C’est son premier rôle au cinéma.

En dehors des lettres, de quelles sources disposiez-vous pour l’écriture

Je me suis beaucoup appuyée sur la biographie de Roger Duchêne, considéré comme le spécialiste de Madame de Sévigné et auquel on doit l’édition des volumes de la Pléiade consacré aux lettres. J’avais évidemment beaucoup d’éléments autobiographiques, beaucoup aussi de courriers de ses amies et de ses proches – Madame de La Fayette, Bussy Rabutin… Parallèlement, j’ai lu un certain nombre d’ouvrages publiés ces dernières années qui donnent un nouvel éclairage sur la deuxième moitié du XVIIème siècle et sur Louis XIV. On commence à reconnaître que ce n’était pas une période aussi flamboyante que ce que le cinéma a voulu nous raconter.  C’était beaucoup de guerres, d’épidémies terribles, d’impôts imposés par la brutalité d’un roi expansionniste et je trouvais important de le montrer, avec mes petits moyens, en arrière-plan -un labyrinthe pour évoquer une scène de cour, quelques cadavres pour parler de la révolte des bonnets rouges. Mais mon matériau de base est resté les lettres. Elles m’ont vraiment inspirée même si le film n’est biographiquement pas complètement exact.

Les volumes de la Pléiade en rassemblent plus de sept-cent-soixante. Comment choisir ?  

C’était tout l’enjeu. Déjà j’ai principalement puisé dans les lettres qui recouvrent la période que le film raconte, une grosse dizaine d’années, ensuite, à force de les lire, de prendre des notes, certaines d’entre elles s’imposaient naturellement pour nourrir les dialogues ou pour exister en tant que telles. Il fallait raconter l’émergence de l’écriture. Le titre du film arrive assez tard, manuscrit, en même temps que la première lettre à sa fille. Karin connaissait les lettres par cœur parce que je voulais que, dans un premier temps, les lettres surgissent à voix haute, de manière organique, nécessaire. Puis, plus on avance dans le film plus j’ai recours à une voix off. Dans tous les cas, je n’ai pas réécrit les lettres de Madame de Sévigné, j’ai pris des libertés dans l’ordre où je plaçais les phrases, j’ai parfois utilisé plusieurs lettres pour en faire une.

Vous cosignez le scénario avec Yves Thomas.

Yves est intervenu après que j’ai écrit une première version. C’est difficile de trouver un bon partenaire d’écriture. J’aime sa grande exigence, sa simplicité qui ne s’embarrasse pas de susceptibilité. On se challenge mutuellement. Il m’aide à retourner sans cesse à l’essence de ce que je veux raconter, à aller plus loin, sans facilités. 

Aviez-vous déjà des acteurs en tête à ce stade ?

Bizarrement, plus qu’à des comédiens, ce sont plutôt à des décors et à des paysages que je pense au début de l’écriture. Je visualise tout de suite les lieux où va se dérouler mon histoire : le château de Courances, pas très loin de chez moi, où nous avons tourné les scènes du Marais à Paris, celles en Bretagne et en Bourgogne ; le château de Grignan, un château départemental très singulier où mère et fille ont vécu, et les bords de Loire…

C’est Karin Viard qui interprètete Madame de Sévigné

Je ne voyais pas quelle autre comédienne pour l’interpréter. Elle était la seule à posséder à la fois l’âge du personnage, sa flamboyance, et l’énergie pour la rendre sympathique, y compris lorsque Madame de Sévigné témoigne d’une certaine froideur. Madame de Sévigné était connue pour sa séduction et la vivacité de son esprit : Karin a tout cela, plus un côté très contemporain qui m’intéressait. Elle est arrivée tôt sur le projet et s’est véritablement emparée du rôle, d’abord avec des questions sur les relations mères-filles, puis dans un second temps, sur les thèmes du féminisme, de la place de la femme, son indépendance. Karin, tout comme Ana Girardot, est une énorme bosseuse. Elle travaille énormément en amont. Sur le plateau, elle habite le personnage ; elle s’efface tout en apportant beaucoup d’elle-même, avec un très grand naturel.
Ana Girardot est également venue rapidement dans le casting : Madame de Grignan ne pouvait pas avoir une beauté froide. Il fallait qu’elle soit très belle tout en ayant quelque chose de très sensuel, presque félin. Elle se sentait très concernée par le sujet en tant que fille mais aussi parce qu’elle venait d’être mère. Dans le film, elle passe de jeune fille à femme et mère de plusieurs enfants, elle devait pourvoir apporter encore beaucoup d’adolescence et de fraicheur dans son jeu avant d’évoluer vers cette femme dure et brisée de la fin.

Pourquoi avoir choisi deux réalisateurs -Noémie Lvovsky et Cédric Kahn- pour les rôles de Madame de La Fayette et de Grignan ?

Leur double casquette m’importait peu. J’avais très envie de tourner avec Noémie. Son côté madone, sa beauté enveloppante et douce correspondait à l’image que je me faisais de Madame de La Fayette. On a envie d’être avec elle, on sent son intelligence. Et, à diriger, elle est exceptionnelle. 
Grignan était difficile à trouver – il devait avoir à peu près l’âge de Karin tout en faisant couple avec Ana de manière évidente alors qu’ils ont vingt ans d’écart. Cédric apportait une forme de complexité : c’est un homme séduisant, il a une belle voix et, en même temps, on peut penser qu’il est un peu macho, un peu bourru, violent. Cela permet de comprendre pourquoi Madame de Grignan en est amoureuse et pourquoi il lui arrive aussi d’être malheureuse. Cédric apporte cela, il a cette épaisseur...
C’était intéressant de déplacer ces acteurs très modernes qui n’avaient jamais- sauf Noémie- « tourné » de films d’époque. On est au XVIIème siècle mais leur naturel nous incite à penser qu’ils nous parlent d’aujourd’hui. Cédric a été très cash. « Je ne suis pas comédien, on me prend pour ce que je suis », m’a-t-il tout de suite dit. Je l’emmenais ailleurs et il était un peu déstabilisé à l’idée de porter une perruque. Finalement, il s’est trouvé très heureux dans ces vêtements d’homme très confortables du XVIIème.

Comment travaille-t-on en avec des personnalités aussi contrastées ?

Je parle beaucoup en tête à tête avec eux. J’ai gardé de mon expérience d’enseignante ce truc qui consiste à s’adapter au tempérament de chaque comédien comme je m’adaptais autrefois à celui de chacun de mes élèves. Je regarde les films qu’ils ont fait, comment ils fonctionnent, leurs forces, leurs failles aussi. Cela me donne des clés pour les diriger. Je savais ainsi que Karin déteste consacrer des heures à être habillée et maquillée : ça l’oppresse, il faut que ça aille vite, donc on fait avec. Par contre, elle se préoccupe peu de la façon dont elle va être éclairée ou de la place de la caméra, non pas que cela ne l’intéresse pas mais elle n’est dans le contrôle de son image elle est d’abord dans le jeu. Je voulais Madame de Sévigné séduisante mais aussi qu’elle ait son âge. Je trouve que Karin en fait une femme d’autant plus belle et forte qu’elle assume son âge. 
C’était un tournage dur pour elle. Nous avons parfois tourné de nuit, il faisait froid et, malgré les efforts d’Anaïs Romand, la costumière, pour adapter les costumes avec des baleines souples en latex et les rendre un peu moins inconfortables, c’était une torture pour elle. Ana, au contraire, s’est beaucoup servie du maintien et même de la douleur qu’ils imposaient. 
Sur le plateau, je répète peu et fais peu de prises mais je laisse toujours aux comédiens le temps de jouer. Je ne coupe jamais une scène et j’aime rester longtemps sur un personnage.

Aviez-vous des références cinématographiques ou picturales à l’esprit

Parmi elles, il y a Jane Campion, une cinéaste dont j’admire profondément les films, et tout particulièrement Bright Star qui réussit à rendre la littérature si présente. C’était l’un des enjeux de  Madame de Sévigné : faire de la littérature un personnage.
J’ai visionné beaucoup de films d’époque pour le traitement des décors et des costumes- des films anglo-saxons, surtout. En France, je trouve les films historiques toujours un peu froids à cet égard. On n’a pas envie d’habiter là où vivent les personnages. Les Anglo-saxons savent rendre tout plus chaleureux, plus beau, plus riche. Ils ont- ce que nous n’avons pas en France parce que c’est trop cher - quelqu’un pour chapeauter la direction artistique. Anaïs Romand qui est arrivée très tôt sur la production, qui a un talent fou et connaît parfaitement le XVIIème siècle, a un peu joué ce rôle. Avec elle et Georges Lechaptois, nous nous sommes inspirés entre autres des tableaux de Nicolas Poussin.

C’est la première fois que vous collaborez avec Georges Lechaptois

Je ne le connaissais pas, j’aimais beaucoup le travail qu’il fait sur les films de Rebecca Zlotowski et j’ai beaucoup apprécié l’homme. Lui comme moi avons eu un parcours lent. Venant du Chili, il a dû recommencer sa carrière à zéro en France et j’ai senti qu’il était impressionné par la ténacité dont j’avais, moi aussi, fait preuve pour mener à bien ce projet - dix ans tout de même ! Georges est quelqu’un qui se met au service du récit. On s’est parfaitement entendus : nous partagions les mêmes goûts cinématographiques. Nous nous accordions sur le désir d’une lumière chaude, de couleurs un peu saturées, de clairs obscurs, de mouvements lents ; que ce soit vivant, très organique

Le film accorde beaucoup de place aux extérieurs.

C’est la grande modernité de l’écrivain qu’est Madame de Sévigné : elle est, avant Rousseau, un écrivain de l’extérieur. Dans les lettres qu’elle envoie de Bretagne à Madame de Grignan, elle ne cesse d’évoquer les paysages dans lesquels elle se promène, où elle s’endort parfois, où elle prend froid. Elle parle de son rapport aux arbres, aux saisons. Et puis c’était intéressant de montrer qu’elle écrit partout. 
J’ai mis beaucoup de moi dans ce lien qu’elle a avec la nature. Par-delà cette confidence personnelle, faire vivre des extérieurs dans un film historique m’offrait à nouveau une forme de modernité. 

Un mot sur le montage

Il faudrait deux chapitres au moins puisqu’il s’est déroulé avec deux monteuses - Camille Delprat et Géraldine Mangenot - et en deux étapes. On a commencé à monter dès la fin du tournage - trop tôt peut-être - et abouti à une première version, belle, assez classique, mais qui ne correspondait pas à mon désir initial. Camille Delprat, retenue ailleurs, Géraldine Mangenot a pris le relais. Géraldine m’a longuement fait parler de mes intentions puis m’a gentiment mise à la porte de la salle de montage durant quelques jours. A mon retour, elle avait monté dix minutes et j’ai senti qu’on y était : on était enfin dans ce mouvement que je cherchais. 
Sans tout remettre en cause, elle avait réussi à trouver les à-coups du film. Restait une interrogation essentielle à laquelle je n’avais pas assez 
réfléchi : comment inscrire ces lettres dans le montage ? Je savais lesquelles je voulais montrer, j’avais des plans de la main de Madame de Sévigné écrivant mais ça ne pouvait pas être que cela : à un moment du film il n’est plus seulement question d’écriture mais de littérature, on devait sentir que cette dernière prenait toute la place, d’où l’envie que les lettres occupent progressivement tout l’écran. Un processus de recherche passionnant. Avec ces deux étapes, je retrouvais la liberté de l’écriture : pouvoir mettre de côté, reprendre… 

Comment la musique de Florencia Di Concilio s’est-elle intégrée dans cette double séquence de montage

Là encore, ce second temps de montage a été une chance. Dès notre première rencontre, je lui avais confié mon désir d’une musique plutôt intimiste, ne mimant pas l’époque mais pouvant se mêler naturellement avec des musiques intradiégiétique, donc d’époque. Il y avait aussi l’idée qu’un instrument soit associé à la mère et un autre à la fille. La musique qu’elle a composée pour le premier montage, principalement violoncelle et piano, était très belle mais ne sonnait pas « juste » simplement parce que le film ne fonctionnait pas. Au lieu de me lâcher, Florencia, humainement formidable et qui n’a peur de rien, m’a juste dit : « Pas de problème, je refais tout. » Elle avait un engagement ailleurs ce qui m’a permis de chercher, sur ses conseils, des musiques qui me semblaient justes pour le film alors que nous entamions le second montage. C’est ainsi que cette flûte traversière et cette guitare se sont imposées comme une évidence -des vieilles tarentelles d’époque, des morceaux de tango argentin moins classiques, et même une musique d’inspiration japonaise ont servi de référence. Florencia s’est emparée de ces inspirations et a créé cette BO que je trouve à la fois très belle et subtile. On avait le film, elle pouvait en trouver la musique. 

MADAME DE SÉVIGNÉ

Marie de Rabutin Chantal est née en 1626 dans le quartier du Marais, à Paris. Fille unique, orpheline de père et de mère à cinq ans, elle a pourtant une enfance heureuse et elle reçoit une éducation très complète pour l'époque. En 1644, elle est mariée à Henri de Sévigné. Le couple est beau, brillant, mondain. Ils ont deux enfants, Françoise-Marguerite en 1646 et Charles en 1648. Entre les deux époux il y a rapidement plus d’estime que d’amour. Marie passe beaucoup de temps seule en Bretagne avec ses enfants tandis qu’Henri a des maîtresses dont la célèbre Ninon de Lenclos puis Mme de Gondran pour laquelle il sera bêtement tué au cours d’un duel. 

À 25 ans, Marie de Sévigné est veuve, une position sociale qui lui permet de jouir d’une grande indépendance. Elle s’efforce de restaurer la fortune de son mari, fréquente les salons littéraires, devient l’amie de personnalités importantes comme Melle de Scudéry, Mme de La Fayette, Nicolas Fouquet, etc. Entre 1663 et 1668, elle et sa fille sont invitées plusieurs fois à des ballets de cour et à des fêtes. La beauté de Françoise impressionne et la rumeur veut que le Roi envisage d’en faire sa maîtresse. Est-ce à cause de cela que Françoise sera difficile à marier ? Est-ce à cause de la proximité de Mme de Sévigné avec d’anciens frondeurs comme le cardinal de Retz ? De son amitié avec Roger de Bussy-Rabutin, son lointain cousin, embastillé puis exilé pour avoir écrit une satire des mœurs de l’aristocratie ? Sans doute un peu tout cela. 

Plusieurs projets de mariage avortent et ce n’est qu’en 1669 que Françoise épouse le comte de Grignan, déjà veuf deux fois et nettement plus âgé qu’elle. Dans ce mariage elle apporte l'argent, lui le nom… Très rapidement le comte est nommé Lieutenant Général de Provence par le Roi et il doit aller occuper cette charge prestigieuse mais très lourde. Il veut évidemment que sa femme l’accompagne et c’est le début d’une série de longues séparations entre la mère et la fille qui donneront lieu à une correspondance de plus de mille lettres. 

Seules les lettres de la mère seront conservées et publiées au début du XVIIIe siècle. Une partie des lettres de Mme de Sévigné avait été recopiée et publiée sans autorisation, Pauline de Simiane, la dernière descendante de Marie de Sévigné s’obligera donc à faire établir une édition contrôlée et censurée des lettres de sa grand-mère à sa mère. Après édition, les lettres seront brûlées.

ISABELLE BROCARD

Venant de l’écriture de scénario, et après avoir été enseignante pendant quelques années, Isabelle Brocard écrit et réalise des films documentaires et de fiction. Elle y explore des relations humaines complexes, des histoires de rupture et de transmission. Son premier long-métrage, Ma Compagne de Nuit, en 2011, met en scène Emmanuelle Béart et Hafsia Herzi dans un drame âpre et sensible. En 2018 elle achève Des trous dans les murs et un câlin sur l’épaule gauche un documentaire de création sur des enfants qui accompagnent un parent malade ou en fin de vie. Avec Madame de Sévigné, elle invite Karin Viard et Ana Girardot à incarner le duo mère fille le plus célèbre de la littérature française.  

LISTE ARTISTIQUE

Marie de Sévigné
Françoise de Sévigné
Monsieur de Grignan
Madame de La Fayette
Monsieur de La Rochefoucauld
La petite personne 
Charles de Sévigné
Le cardinal de Retz 
Bussy Rabutin 
Karin VIARD
Ana GIRARDOT
Cédric KAHN
Noémie LVOVSKY
Robin RENUCCI 
Cyrille MAIRESSE
Antoine PRUD’HOMME DE LA BOUSSINIERE
Alain LIBOLT
Laurent GREVILL

LISTE TECHNIQUE
Réalisation Isabelle BROCARD
Scénario et dialogues Isabelle BROCARD et Yves THOMAS
Directeur de la photographie Georges LECHAPTOIS
Direction artistique et création de costumes Anaïs ROMAND
Chef décorateur Laurent OTT
1er assistant réalisatrice Julie RICHARD
Directrice de casting Tatiana VIALLE
Directeur de production Philippe REY
Montage Camille DELPRAT et Géraldine MANGENOT
Prise de son et montage son Philippe DESCHAMPS 
Mixage Xavier THIEULIN
Musique originale Florencia DI CONCILIO
Production THE FILM
Producteur Michael GENTILE
Production associée ARTURO MIO 
Une coproduction THE FILM, AD VITAM, ORANGE STUDIO, AUVERGNE-
RHÔNE-ALPES CINÉMA, FRANCE 3 CINÉMA Avec la participation de CANAL +, CINÉ +, FRANCE TÉLÉVISIONS
En association avec COFIMAGE 33, LA BANQUE POSTALE IMAGE 15, 
CINECAP 5, CINEMAGE 16
Avec la participation de LA RÉGION AUVERGNE-RHÔNE-ALPES et du CNC
Avec le soutien de LA RÉGION ÎLE-DE-FRANCE, en partenariat avec le CNC
Distribution salles France AD VITAM – ORANGE STUDIO
Ventes internationales ORANGE STUDIO

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